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LA PERSONNE HUMAINE ET LA SEXUALITÉ

 Qu’est-ce que c’est la personne humaine? C’est une personne qui, en parlant d’elle même, peut dire “moi”, car elle veut parler d’elle comme d’un être, d’une entité unique qui est irremplaçable et irrepétible. Cette conscience de nous-mêmes n’est pas toujours mûre au plus haut niveau; elle est plus ou moins consciente et est progressive, par des étapes. On passe de la non-conscience absolue de soi à la conscience de soi; cela a lieu dans des phases de développement, après les premières années de vie. La personne peut dire “moi” quand elle est capable d’auto-conscience, c’est-à-dire consciente de son “moi”; capable d’autodétermination, c’est-à-dire qu’elle appartient à elle-même ou elle devrait s’appartenir quand elle est à la limite la plus élevée de son développement; capable de contrôler ses actions, ou elle devrait au moins tendre vers la liberté et la responsabilité personnelle et avoir le choix de son propre but. Celle-ci est une définition plutôt théorique de ce que la personne devrait être, de ce qu’elle va devenir à mesure qu’elle mûrit; capable de la donation d’elle-même, c’est-à-dire d’un dialogue avec le “non-moi” que nous appellerons “toi”; pour pouvoir se donner, la personne doit être arrivée à connaître la distinction entre le “moi” et le “non-moi”. Cela semblerait avoir un sens plutôt abstrait, mais en réalité il se traduit d’une manière bien concrète: lorsque la personne arrive à connaître et à reconnaître les autres et à les estimer, elle est à même de les aimer. Mais lorsqu’elle, au contraire, ne sait pas faire cette distinction entre “moi” et “toi”, elle se trouve dans une situation d’égocentrisme et elle n’est pas capable de faire attention aux autres. Quelque fois nous ignorons vraiment notre égocentrisme parce que nous n’avons pas encore réalisé cette auto-conscience et cette capacité de dialogue et de contact avec l’autre, et nous sommes étonnés alors si quelqu’un nous dit que nous sommes des égoïstes; capable d’autodétermination en faveur d’un “toi” (celles-ci son les prémisses de la sexualité), lorsqu’elle est capable de se perdre dans un autre, dans le sens de s’intégrer dans un “toi” sans appauvrir, mais s’enrichissant réciproquement; capable d’assimilation, c’est-à-dire de porter en soi l’autre. Faute de cette capacité d’assimilation, nous ne sommes pas capables d’un contact profond avec les autres, mais nous nous arrêtons à un contact superficiel, presque non humain (seulement l’animal a une autre manière de contact avec les êtres qui lui sont pareils). L’homme est un homme parce qu’il est capable de porter en lui la situation de l’autre, c’est-à-dire de dialoguer. Intimisme, présupposition du dialogue Aujourd’hui on est à la page lorsqu’on parle de dialogue, mais sans l’intimisme de la personne le dialogue n’a aucun sens. Etre un “moi” c’est la caractéristique de la personne, c’est-à-dire qu’on est “fermé” en soi-même. Fermé ne signifie pas une fermeture qui nous empêche l’assimilation et de porter l’autre dans nous-mêmes, mais c’est la richesse d’être une personne: elle s’appartient, pour cela elle est répandue dans le monde et elle vit avec les autres seulement en vertu du dialogue avec les autres. Pourtant nous exerçons une espèce d’esclavage à l’égard des autres quand nous leur nions leur droit de personne. L’esclavage peut être politique, moral, sexuel. De notre temps le rapport entre les sexes est un esclavage réciproque, est la négation de la valeur de la personne. On se réduit à objet, tandis qu’on perd l’estime de l’autre et de soi. La personne s’appartient: cela c’est bien différent de l’arbitre de la violence, de la licence que nous pouvons exercer sur la personne. La personne n’est pas cessible, même si, en réalité, bien des fois on ne s’appartient pas, on cède. La personne doit s’emparer de sa propre vie. De ces idées chacun de nous, personnellement, doit tirer des conclusions pratiques parce que cela se réfère à nous-mêmes et à notre rapport avec les autres. Nous ne pouvons prendre des décisions pour compte des tiers, parce que précisément la personne n’est pas cessible. La personne est inviolable. On ne peut et on ne doit pas forcer l’intimité de la personne. Le dialogue ne signifie pas violation de cette intimité; la personne a le droit et le devoir de s’appartenir, car la personne est inviolable. Nous le répétons: maintenir sa propre intimité est un droit et un devoir, tandis que se fermer au dialogue est un mal. La personne doit être essentiellement et fondamentalement ouverte au dialogue, mais dans le respect de sa propre intimité. L’Evangile dit: “Je suis à votre porte et je frappe...” On peut frapper à la porte, mais on ne doit pas l’ouvrir entièrement ni rentrer de force. Pour pénétrer dans l’intimité d’un personne il faut de la prudence, de la discrétion, de la compréhension, mais substantiellement on n’entre pas quand on n’est pas invité et au delà d’un certaine limite. La personne n’est pas remplaçable dans ses décisions personnelles, au moins qu’elle ne soit une personne à l’état potentiel, qui ne s’est pas encore réalisée (ex. un nouveau-né) ou qui ne peut pas se réaliser (quelqu’un qui est devenu fou). En réalité en ce cas on ne remplace pas la personne dans ses décisions car elle n’est pas réalisée. Face aux personnes en évolution il faut les aider à mûrir leur capacité de décision, afin qu’elles ne la perdent ultérieurement. C’est pourquoi certaines formes d’obéissances familières sont des déformations. La personne n’est pas interchangeable: c’est-à-dire qu’elle est unique et irrépétible. On ne peut mettre une personne à la place d’une autre. Non pas dans le sens de sa fonction extérieure et hiérarchique, mais de la personne en elle même. Cela devient très important quand nous voulons parler de sexualité. Toutes les aptitudes donc qui comportent l’interchangeabilité de la personne traitent l’être humain comme un objet, non pas comme une personne. Par conséquent, du point de vue sexuel, la personne n’est pas interchangeable mais on la choisit. La personne est ouverte au dialogue: c’est-à-dire qu’elle doit réaliser la donation et la préservation d’elle même. Il faut se donner, mais aussi s’économiser, se préserver; il faut être pour se donner. On ne peut se dissiper. La jeunesse fait aujourd’hui beaucoup d’expériences qui sont une dissipation de soi; la personne ne peut renoncer à son autonomie, à sa dignité, à son originalité. D’une façon concrète la personne doit réaliser un équilibre entre la réflexion et le dialogue. Cela signifie pratiquement la fermeture en nous mêmes et l’ouverture. La personne peut et doit parler, mais elle peut et doit se taire; elle peut et doit avoir une activité extérieure, mais elle peut et doit en avoir une intérieure; elle peut se ménager, mais elle doit se chercher; elle a des droits, mais aussi des devoirs; elle doit être expansive, mais aussi réservée; elle doit se donner à la contemplation dans une signification large, mais aussi à l’action. Elle doit se préserver mais sans égoïsme parce que, comme j’ai déjà dit, être fermés ne signifie pas être fermés au dialogue. Il faut être pour se donner, il faut se donner pour être. La personne a le devoir de respecter les autres et a le droit d’être respectée. Ce devoir-droit est inaliénable, on ne peut le vendre, on ne peut le céder. Il est inaliénable même s’il manque d’amabilité dans quelques aspects. La personne doit disposer d’elle-même pour s’autoréaliser; elle doit réaliser une conquête quotidienne d’elle même et s’auto libérer, se défendre des suggestions. Il y a une différence entre personne et personnalité La personne comme nous l’avons décrite est telle qu’elle devrait être. La personnalité est la réalisation effective de cette personne. Cette personne devient personnalité, c’est-à-dire elle se réalise, précisément avec l’intimité et le dialogue (fermeture et ouverture): être en soi et être pour les autres, préservation et donation. DIMENSION DE L’INTIMITÉ La dimension de l’intimité, c’est-à-dire ce besoin d’intimité se réalise dans: a) la connaissance de soi comme on est réellement. Un devoir extrêmement difficile et pénible à réaliser et pour lequel il faut avoir le courage de regarder dans notre cœur, courage qu’on n’a pas toujours. Cette capacité mûrit très lentement. Il faut sincérité, la force d’observer ses qualités et ses défauts; il faut surmonter l’anxiété qui ressort de cette introspection qui devient toujours plus grave à mesure qu’une personne doute fondamentalement de sa bonté: si, à la base, elle n’est pas sûre qu’elle trouve dans son cœur quelque chose de bon, elle ne pourra pas avoir le courage de se regarder. Oui, difficilement on trouve le courage; très rarement on trouve des personnes qui se connaissent en vérité. Mais il ne suffit pas de se regarder dans son cœur; il faut b) nous accepter comme nous sommes vraiment. Cela est un autre devoir existentiel et irrénonçable pour s’autoréaliser. Il est terriblement difficile. Fantastique sur moi-même... imaginé d’être... avoir des aspirations irréalistiques... des évasions, des exaspérations, des idéalisations ... Ce sont des mécanismes dont nous nous servons pour échapper au devoir existentiel de l’acceptation de soi. c) s’engager pour devenir ce qu’on est. La réalisation de la dimension intime de la personne est toujours cette connaissance et cette acceptation de soi comme l’on est réellement. Pour cela il faut développer entièrement la personne: développer la volonté, l’intelligence, la capacité de se sacrifier, les valeurs, les idéaux, sa propre affectivité et avoir beaucoup d’intérêts valables. Tout cela signifie s’autoréaliser. Sûrement il n’est pas facile de développer sa propre affectivité pour des raisons différentes: soit que nous tombions dans des formes aberrantes, même apparentes, de passionnalité, d’émotions, de sentiments (c’est-à-dire des passions qui ne sont pas authentiques, ou au moins qui ne sont pas finalisées au dernier but de la vie que nous avons choisie); soit que nous dissipions notre charge de passionnalité, d’émotions, de sentiments dans des formes qui n’ont pas de valeur en ordre au développement global de la personne. Développer les intérêts envers les personnes, les choses, les problèmes, c’est développer notre autoréalisation, pour devenir ce que nous sommes. En effet aussi notre réactivité aux situations et aux problèmes est importante. Quand St. Paul dit: “Il n’y a personne qui souffre, sans que je souffre avec elle” il a développé sa propre affectivité, son intérêt envers les personnes, les choses, les problèmes. Concrètement, nous devons avoir une réactivité suffisamment proportionnée, prête, durable, et opportunément dosée dans le développement de l’affectivité, les passions, les sentiments. Cette réactivité peut être équilibrée en plus ou en moins, elle peut être excessive, incertaine, incohérente, égocentrique (elle réagit seulement pour ce qui “me” touche); ou une réactivité trop insuffisante, froide, mécanique, sans chaleur (dans ses formes pathologiques la réactivité est tout à fait supprimée et la personne est complètement apathique, elle ne réagit point à son milieu). d) développer la capacité de réflexion pour savoir faire des hiérarchies L’exercice de l’intelligence nous sert pour “hiérarchiser”. Il faut développer la capacité de réflexion. Si nous ne sommes pas capables de réfléchir, si nous réagissons seulement d’un manière excessive, voici une réalité incertaine, incongrue, incohérente. Cela signifie que nous ne savons pas hiérarchiser. Pour savoir hiérarchiser nous devons acquérir un bagage de principes, nous devons découvrir le but de notre vie. Si nous n’arrivons pas à découvrir la signification de notre existence personnelle, nous n’arrivons pas à nous réaliser. Bien plus, notre tâche par excellence, est celle de découvrir le but que nous voulons atteindre dans la vie. e) harmoniser les différents aspects de la personne. Pour s’engager à devenir ce qu’on est, il faut enfin s’harmoniser, c’est-à-dire développer ensemble la volonté, l’intelligence, l’affectivité, dans un synthèse vitale. Il ne faut pas être un individu purement intellectuel, sans réactivité affective et volontairistique, ou une personne sans... tête, avec seulement de l’affectivité sans intelligence et sans volonté. DIMENSION DIALOGIQUE La personne est mûre quand elle sait dialoguer. L’autre avec lequel elle vient en contact peut être: - le monde physique - la société - une autre personne, un “toi” - Dieu Dialogue avec le monde Ce dialogue ne peut suffire à la personne; toutefois ce dialogue existe, la personne sait l’apprécier et, d’une certaine façon, elle ne peut pas s’en passer. La nature nous ouvre à la contemplation, à l’extase... Il y a des moments de notre développement affectif et de notre isolement dans lesquels cet aspect du dialogue avec la nature l’emporte sur nous. Il peut devenir négatif s’il devient exclusif; il peut être compensatoire s’il nous aide à surmonter un moment difficile dans lequel il nous manque le dialogue avec la société, avec un toi, ou avec Dieu. On ne doit aimer le monde pour lui-même, mais en vue du dernier but que la personne a programmé pour elle-même, c’est-à-dire qu’on doit se servir d’un amour qui est centré sur le moi, sur la personne et non pas sur le monde parce qu’en ce cas on tomberait dans l’idolâtrie. On doit connaître le monde avec l’observation, l’intérêt, l’amour comme S. François. Nous avons le droit-devoir de nous servir des choses, mais non pas d’être au service des choses: les choses pour l’homme, non pas l’homme pour les choses; les structures sont pour l’homme, mais l’homme ne doit pas être sacrifié aux structures, et, si nous parlons de sexualité, le plaisir est pour l’homme, non pas l’homme pour le plaisir. Il faut donc se servir des choses pour son propre développement et on ne doit pas être au service des choses parce que cela est le contraire de l’autoréalisation: c’est l’esclavage de l’homme. Dialogue avec la société Il nous faut l’intégration avec les autres. Dialogue signifie communication, qu’on peut avoir à des niveaux différents et avec des différentes profondeurs. Il nous faut cette intégration avec le plus grande nombre possible de personnes. Nous avons besoin d’un certain nombre de relation, autrement nous ne nous réalisons pas assez. Cela dépend de nos limites: si nous étions, pas l’absurde, infinis et nous pouvions nous mettre en relation avec un autre infini, il ne nous faudrait ni extension ni variabilité de relations sociales. En effet Dieu n’a pas besoin des hommes: il dialogue avec lui-même et seulement par amour il se répand et s’épanche. Le dialogue avec la société, aujourd’hui, est assez répandu parmi les jeunes même s’il ne s’agit pas toujours d’un dialogue authentique ou qui reflète cette exigence de la personne. Pour se connaître réciproquement nous devons nous efforcer d’être sincères, authentiques, et d’ouvrir notre intimité aux autres. Nous avons dit qu’on ne doit pas forcer l’intimité d’autrui mais, en même temps, il y a ce devoir à nous, d’ouvrir notre intimité aux autres. Pour faire cela il faut confier dans la bonté de l’autre et dans sa capacité de compréhension. Les conditions du dialogue interpersonnel sont: - tirer les obstacles qui sont en nous ou dans les autres, - se connaître l’un l’autre, - être disponibles et oblatifs, - savoir se préserver. Il y a aussi des obstacles qui nous empêchent de communiquer avec les autres; nous pouvons les énumérer: - notre timidité, - le sentiment d’infériorité, - le sentiment et le complexe de supériorité, un complexe qui est souvent déguisé; les attitudes méprisantes, autosuffisantes qui cachent une profonde incertitude et la peur de se mesurer avec les autres, - l’égoïsme. On dit qu’il n’y a qu’un péché: l’égoïsme. L’égoïsme ou l’égocentrisme est un obstacle très fort au dialogue avec les autres, - l’orgueil ou l’oppression, c’est-à-dire vouloir l’emporter sur les autres, - la manque de l’authenticité, c’est-à-dire la fausseté de notre rapport avec les autres, - parler peu ou trop. Aujourd’hui on tend a parler trop, pourtant se nier au dialogue verbal avec l’autre est un empêchement à la communication, une forme d’agressivité envers les autres, ne pas se mettre au niveau des autres, - ne pas savoir écouter. Savoir écouter est très difficile parce qu’il exige que nous sachions nous taire, borner la sphère d’expansion de notre “moi”, - la froideur. Dialogue avec un “toi” particulier Ce dialogue, par un choix réciproque (électif) c’est le point le plus haut de la capacité et de la dimension dialogique de la personne. Nous avons cette capacité, nous en sommes plus ou moins capables, nous en avons le penchant, le besoin. Le rapport avec la nature ne nous suffit pas, et pas même avec la société. En effet, lorsque, une personne réduit cette capacité de dialogue, elle n’est pas assez réalisée, précisément comme personne. Lorsque l’ancien dialogue avec son canari, il est peu réalisé comme personne; il dialogue avec la nature mais cela ne le réalise pas complètement comme personne, il ne peut le réaliser. Dans le dialogue avec l’autre il faut de la bonté et de la compréhension afin que l’autre s’ouvre à nous. Il ne peut s’ouvrir jusqu’à ce qu’il ne sente notre acceptation de fond, notre disponibilité. Dans le dialogue avec le monde nous avons dit que les choses sont à notre service, c’est-à-dire l’amour est centré sur le moi: dans le dialogue avec l’autre l’amour est centré sur le toi: on se sert des choses, mais on doit être au service des personnes. Encore, nous touchons le problème de la préservation du “soi”, du “moi”, de l’intimité. S’ouvrir, oui donc, mais toujours en préservant l’intimité de notre propre personne et non pas seconder l’égoïsme de l’autre. Il y a beaucoup de défauts d’éducation, de manière d’établir le rapport interpersonnel moi-toi, où on favorise l’égoïsme de l’autre et cela n’est pas bien pour aucune des deux personnes qui entrent dans un rapport, il ne favorise ni l’estime, ni l’authenticité de l’amour. Le dialogue avec un “toi” humain électif est typique pour arriver à la maturité. Tandis que d’abord on est disponible à n’importe quelle aventure, à un certain moment on a besoin de choisir et d’être choisi. A ce point nous sommes arrivées su discours sur la sexualité. La sexualité est le besoin d’un rapport global avec un “toi”, c’est la rencontre profonde entre le “moi” et le “toi” et on ne peut renoncer à elle car on court le risque d’une faute de réalisation comme personne. La génitalité est l’exercice de la sexualité physique. Nous le répétons, on ne peut renoncer à la dimension de la sexualité, entendue comme un rapport entre un “moi” et un “toi”; elle n’est pas renonçable, pour l’autoréalisation; mais il se peut qu’elle soit remplaçable, car dans une certaine condition de maturité et de vocation surnaturelle elle peut être remplacée par le rapport “moi” humain - “toi” divin. Dialogue avec Dieu Différemment au dialogue avec le “toi” humain auquel on ne peut renoncer mais qui est remplaçable, on ne peut renoncer au dialogue avec Dieu et il n’est jamais remplaçable. Cela seulement si nous nous ouvrons à une vision de foi. Maritain disait que l’homme est une fenêtre ouverte vers l’infini, c’est-à-dire que notre complète réalisation est seulement dans notre dimension surnaturelle ou, au moins, dans notre ouverture au divin. Il faut connaître Dieu, faire un choix fondamental de notre vie pour Lui, l’écouter et lui donner une réponse. * Connaître Dieu: le dialogue avec le monde, observer la création, a été pour beaucoup de personnes, et il pourrait l’être aussi pour nous, un dialogue avec Dieu. Nous avons un besoin affectif de Dieu que nous pouvons réaliser seulement dans la foi, si nous ne voulons pas nous égarer dans des faux ascétismes; c’est un besoin rational de Lui. Aujourd’hui la raison humaine est peu appréciée et on met l’accent essentiellement sur l’affectivité, mais toujours est-il que nous avons aussi un aspect rational et, par conséquent, des besoins rationaux. On connait Dieu par la foi, au moyen de la prière mais aussi parce qu’il se révèle à nous; donc aussi dans la mystique. Une mystique vécue à niveau d’une personne tout à fait commune, ordinaire, car c’est Dieu qui se révèle à nous. * Choisir Dieu: il faut faire une option fondamentale, donner une orientation générale à notre vie envers Dieu, une orientation qu’on doit prendre de nouveau chaque jour. Il faut se décider pour un oui ou par un non à Dieu. Il est évident qu’une décision comporte beaucoup de solutions concrètes et essentielles. * Ecouter Dieu: ceci est un autre élément du dialogue. Le dialogue doit être interpersonnel, par conséquent Dieu doit aussi, d’une certaine façon, jouer son rôle; mon rôle est celui de l’écouter avec un cœur sincère. Ceci présuppose que nous croyons que Dieu est amour; nous avons cru que Dieu est charité, miséricorde, compréhension pour nous. * Répondre à Dieu: soit par l’option fondamentale renouvelée tous les jours, soit par la confiance dans sa Parole. SEXUALITÉ La sexualité intéresse tout l’homme. Nous sommes entièrement sexués. Ce n’est pas une chose qui se réfère seulement à un secteur; au contraire, plus nous sommes intégrés et plus nous sommes totalement sexués, c’est-à-dire nous sommes totalement nous-mêmes. En effet, nous avons dit que le “moi” se réalise comme un être interpersonnel et que la sexualité demeure dans le “moi”, dans le besoin du “moi” de se rencontrer avec le “toi” et dans la communion moi-toi. La sexualité est la capacité, le penchant, le besoin d’un “moi” d’entrer dans un rapport intime avec un “toi” particulier, électif, par le moyen de la donation de soi et l’accueil de la donation de l’autre. Nous avons trois niveaux de sexualité: - la sexualité génitale - la sexualité affective - la sexualité personnelle. La sexualité génitale La sexualité génitale est rendre et réaliser physiquement le rapport “moi-toi” pour lequel il faut une maturité globale de la personne. Il faut réaliser ce rapport physique (au niveau génital de la sexualité) secondant l’instinct, mais non pas exclusivement à motif de l’instinct. C’est-à-dire avec l’instinct, mais non pas pour l’instinct; il doit être réalisé d’une façon humaine et la façon humaine c’est d’être globalement engagé en tant que personne. Pour cela le rapport avec une prostituée ne réalise ni l’un ni l’autre élément du rapport: on agit à motif de l’instinct. Quand on se conduit en dégradant sa propre capacité d’amour, on ne se comporte pas comme un animal, parce que celui-ci respecte son instinct naturel, mais comme un homme qui n’est pas mûr, qui ne suit pas la globalité de sa propre nature. L’instinctif et le naturel coïncident dans l’âme, mais non pas toujours dans l’homme, c’est pourquoi si on se laisse conduire seulement par l’instinct, on ne suit pas la nature humaine. L’acte humain physique de l’amour dans la sexualité génitale, doit être intégré dans le contexte de toute la personnalité pour qu’il soit satisfaisant, respectueux de l’homme entier. Dans le rapport moi-toi il exige le “copartage” de toute une vie, il le présuppose mais aussi il le développe. C’est évident qu’un rapport moi-toi commence d’une manière assez imparfaite et puis il se développe toujours plus. C’est une réalisation que de partager toute une vie; c’est un devoir existentiel; et alors c’est une promesse mais aussi le fruit de la vie à deux, du rapport moi-toi. La sexualité affective Les états affectifs sont: - les émotions, c’est-à-dire un copartage assez imprévu, brusque, comme par exemple, la peur, la colère, l’anxiété, l’angoisse. Ils surgissent à l’imprévu et aussi soudainement ils disparaissent; - les sentiments sont des états émotionnels plus stables et durables, aussi ils sont moins intenses, par ex. la sympathie, l’antipathie, le ressentiment, la haine, la jalousie, la honte; - les passions sont des états intenses et durables, comme l’amour moi-toi ou l’amour pour Dieu. L’affectivité est la capacité de réagir et elle est liée à un certain ton d’humeur, de coloré. Par exemple l’intelligence est plus froide et dans le spectre ultraviolet va sur le bleu tandis que l’affectivité on la voit plus sur le rouge. L’affectivité donc est une capacité réactive à un état d’équilibre ou de déséquilibre qui peut effectuer ou non des penchants ou des refus. Elle est réactive au fait que nous sentons des attractions ou des disattractions, des penchants ou des rebuts envers le monde ou les personnes. Ce niveau de la sexualité dans un sens affectif, se réalise dans l’interréaction entre l’homme et la femme, et présuppose la ressemblance et la complémentarité entre les deux. En effet s’il n’y avait pas la ressemblance, il n’y aurait pas l’exigence ou l’attraction. Dans ce sens, donc, la sexualité a une activité qui permet au sexe de l’individu de se manifester et de se révéler à l’autre. La phase physique ne comporte aucun choix d’un “toi” particulier au niveau affectif, mais on exige que l’objet aimé soit caractérisé. Nous ne sommes pas encore tout à fait au choix électif: l’adolescent avec ses rêves, la jeune fille qui rêve le prince charmant, rendent typique l’amour. Le penchant global de l’homme envers la femme et vice versa est orienté vers un type de personne; mais ce n’est pas encore un choix définitif et électif d’un autre. Etre amoureux n’est pas encore aimer, c’est un état qui précède ou accompagne l’amour et il nous donne une idée de l’amour, et de ce qu’on entend quand on veut distinguer ce niveau affectif de la sexualité du niveau de la personnalité: c’est caractériser le choix individuel. On a dit qu’il y a une phase où on est amoureux de l’amour mais il n’est pas encore incarné dans le choix d’une personne déterminée. Cela est typique de l’adolescent et quelquefois nous sommes des éternels adolescents... La sexualité personnelle Tout ce qu’on a dit de la sexualité génitale et affective nous introduit dans le discours de la sexualité personnelle qui est la sexualité mûre. La sexualité mûre n’est pas seulement des instincts, de l’affectivité, mais elle est vraiment un choix réciproque, définitif, électif d’un “moi” particulier et d’un “toi” particulier. C’est un choix conscient et non pas seulement un “être amoureux”, c’est-à-dire un choix qui a des motifs inconscients; un choix qui est ou devrait être libre, orienté à la communion des personnes, suggéré par des personnes capables de s’offrir, par la maturité et qui ne veulent pas renoncer. Donc, tandis qu’on peut renoncer à la sexualité affective et génitale, on ne peut pas renoncer à la sexualité personnelle si le “moi” veux se réaliser. La sexualité humaine est donc profondément enracinée dans les besoins, les penchants d’un moi orienté envers un toi. Elle a une caractéristique physique: la sexualité génitale. Elle a une caractéristique émotionnelle: la sexualité affective. Elle se réalise complètement et seulement dans la sexualité personnelle. La sexualité personnelle est propre de la personne mûre qui est arrivée à un certain niveau d’auto-conscience, de capacité d’auto-détermination, de la donation de soi. Elle doit comporter des motifs valables; pour cela elle doit être précédée de la réflexion qui prépare une décision proportionnée; elle doit être surtout orientée à une communion profonde, même si elle utilise le plaisir. Le plaisir est bien différent de l’unité profonde que la sexualité personnelle se propose; et, pour nous, l’insuccès dans la réalisation de l’amour personnel est bien plus décevant et difficile à supporter que la déception à un niveau instinctif ou affectif. Mais cela comporte une faillite de la vie. Si nous faisons faillite dans notre devoir de réaliser un rapport moi-toi au niveau personnel, en réalité la vie perd sa signification la plus profonde. Nous répétons, on ne peut renoncer à la sexualité personnelle si l’on veut réaliser le “moi”; le “moi” se réalise complètement dans cette rencontre avec le “toi”, tandis qu’il ne se réalise pas complètement dans le dialogue avec le monde et la société. La base et le but de la sexualité de la personne est la communion entre les personnes, elle doit être capable de s’offrir, avoir une maturité affective, et elle comporte aussi une maturité de l’amour. On ne commence pas cette rencontre moi-toi dans la plénitude de la donation réciproque; c’est une maturité progressive. La personne devient capable de cet amour, lorsqu’elle passe du narcissisme primaire dans des nécessité physiologiques, qu’elle a réalisé par le rapport avec la mère, au narcissisme secondaire, c’est-à-dire elle passe à la considération d’elle-même, lorsque elle aime les autres en fonction d’elle-même; jusqu’à ce qu’elle arrive à la capacité d’un amour altruiste, d’aimer les autres pour eux-mêmes: ce n’est pas un esclavage, ne nous sert pas aux autres mais nous nous mettons à leur service. Parmi les autres caractéristiques de l’amour mûr: l’appréciation du “toi” indépendamment des satisfactions que le “toi” nous donne (cela est aussi dans le discours du dialogue avec Dieu à réaliser dans la foi: moi-toi, indépendamment des satisfactions que ce “toi” donne). Il comporte une identification progressive - mais sans confusion - avec le “toi” par ce don de soi-même comme personne et par l’accueil du don de l’autre. Un des aspects de la sexualité féminine est cette particulière capacité d’accueil du don de l’autre, c’est-à-dire qu’on ne doit pas voir comme passive la sexualité féminine, parce que ce qui nous semble passivité c’est une activité d’accueil de l’autre. En définitive: si le “toi” que nous rencontrons est le “toi” de Dieu, on peut renoncer à la sexualité génitale et affective, car ce rapport profond moi-toi nous procure une satisfaction existentielle. SEXUALITÉ ET CROISSANCE DANS LA FEMINITÉ SEXUALITÉ EN TANT QUE FORCE INTERIEURE Dans la première partie de notre réflexion, nous avons vu que la sexualité est une force, une dimension de la personnalité que l’on ne peut abolir: nous ne pouvons pas l’ignorer. Le document “Quelques questions d’éthique sexuelle” dit que “la sexualité imprègne à tel point notre personnalité que nous sommes sexués en tout: biologiquement parlant, même la plus petite cellule de notre organisme a un sexe: mâle ou femelle”. La sexualité peut prendre de différentes directions: * celle de sa satisfaction comme dans le mariage, ou bien d’autres formes de satisfaction de la sexualité; * celle de l’inhibition, de la répression, de la négation. L’inhibition (soit qu’elle soit voulue, soit qu’elle soit inconsciente par “l’éloignement” de la sexualité) n’est pas conseillable pour l’équilibre général de la personnalité, pour la créativité, la sérénité et l’harmonie: une sexualité inhibée n’est pas seulement source d’un manque d’harmonie de la personnalité, mais elle est aussi un gaspillage d’énergie, qui pourrait par contre être canalisée vers une utilisation positive; et enfin * celle de la transmutation, c’est-à-dire la transformation, l’utilisation de cette énergie au service de la personnalité toute entière, de son développement, de son intégration et en quelque sorte aussi du développement des autres. Le mot des féministes “Je suis à moi” peut vouloir dire beaucoup de choses fausses, mais il peut aussi être accepté dans une perspective chrétienne: en effet je suis à la disposition des autres seulement dans la mesure où je me possède pleinement et harmonieusement. Alors nous pouvons nous demander: La femme seule, quel emploi doit-elle faire de sa sexualité? Comment la valoriser, comment la diriger? L’on peut dire que pour la femme consacrée il existe un chemin bien précis dans l’utilisation de la sexualité: transformation, transmutation consciente des énergies sexuelles au service de l’harmonie de là personnalité et de la disponibilité envers les autres. Non pas inhibition (c’est-à-dire non pas éducation répressive en matière de sexe, ni tabou ou interdictions incompréhensibles), non pas stimulation (c’est-à-dire ne pas se livrer à l’instinct ou à des concessions motivées par une idée faussée de liberté) mais bien finalisation - direction vers un but, un objectif final - des énergies sexuelles vers le développement de la personnalité. Et c’est ici que l’on peut parler amplement de la mortification et du sacrifice, non pour eux-mêmes mais en tant que moyens pour mieux arriver à ce qu’elle s'est fixée en conscience comme style de vie. ASPECTS DE LA SEXUALITÉ La sexualité humaine s’exprime sous différents aspects: - aspect sensible qui est le plaisir physique, plus instinctif, plus immédiat; - aspect affectif qui est celui de l’union, de la rencontre avec une autre personne; - aspect créateur qui n’est pas tant celui d’engendrer une nouvelle personne, mais celui d’engendrer l’amour. En effet on peut engendrer une personne sans amour, on peut utiliser les enfants à des fins personnelles non valables etc., c’est pourquoi le véritable amour n’est pas celui qui engendre physiquement, mais celui qui engendre l’amour dans l’autre personne. Ces trois aspects: physique, affectif, créateur dans l’amour ne doivent pas être mis de côté, inhibés chez qui n’est pas marié, mais doivent trouver des façons personnelles de s’exprimer. 1) L’aspect physique de la sexualité peut trouver des façons négatives de s’exprimer: par exemple la gourmandise. Devenir très gourmands est peut-être la transformation inconsciente de l’aspect physique de l’amour; il existe des personnes très voraces qui font preuve d’une sorte d’instinct sensuel, nous pouvons dire sexuel. Mais ceci n’est qu’un aspect de la façon négative d’exprimer la sexualité. Il y a par contre des façons très positives de transformer l’énergie sexuelle: par exemple la tendresse. La transformation en tendresse (envers un enfant, un malade, une personne âgée, une personne que l’on aime...) peut être un des aspects les plus valables de la féminité; la tendresse ne doit pas être une caractéristique exclusive de la femme et de la féminité, mais elle peut prendre chez la femme un aspect particulier et une mise en valeur toute spéciale. Sous certains aspects la jouissance artistique aussi (la musique, un tableau, un coucher de soleil...) canalise et dirige l’expression physique de la sexualité. Peut-être la jouissance artistique n’est pas complète ici, mais il y a certainement, à certains moments, une jouissance aussi physique, une extase aussi physique ainsi que spirituelle. 2) l’aspect affectif de la sexualité doit subir des transformations dans la personne non mariée, car l’affectivité n’est pas dirigée exclusivement vers une autre personne, c’est-à-dire le partenaire d’un autre sexe. Cet amour, cette affectivité, cette capacité de sentiments, de disponibilité, de dévouement à l’autre peut et doit être vécue aussi par qui est consacré, et il est important de ne pas détruire cet aspect de l’affectivité. On pourrait penser qu’une personne consacrée réserve à Dieu seulement, toute cette affectivité; ceci serait une déviation car l’amour de Dieu ne doit pas aller au détriment du développement de l’affectivité, c’est-à-dire de la capacité d’aimer les autres également d’une façon affective et émotive. Cette affectivité est aussi un moyen de s’approcher des autres dans le sens apostolique du terme, c’est une condition pour qu’il y ait un témoignage véritable et que ce témoignage soit accepté: une femme rigide, froide, n’aimant pas et n’étant pas aimée, offre un témoignage très réduit; on le refuse, tandis qu’une affectivité harmonieuse, équilibrée, altruiste permet une rencontre avec l’autre véritable, et l’autre se sent aimé non sous une forme abstraite, générale, mais pour lui-même, avec son individualité. Chacun de nous a fait l’expérience de difficultés de communication avec les autres. Cette difficulté peut dépendre de moi qui n’ai pas la faculté de m’ouvrir, de communiquer avec la personne que j’ai devant moi; cela peut être aussi une difficulté de la part de l’autre personne, ou bien de la part de tous deux; ou bien cela dépend du genre de rapport que l’on entreprend: l’important c’est de toujours tâcher de développer cette ouverture et cette disponibilité. Il existe d’autres façons d’utiliser, de canaliser, de transformer surtout d’une façon créative notre énergie sexuelle affective; elle s’exprime et se manifeste avec intensité dans chaque activité à laquelle nous nous consacrons: professionnelle, familiale, éducative, sociale, artistique, etc. 3) L’aspect créatif de la sexualité se canalise dans la recherche, dans la capacité de communication avec l’autre. Il faut essayer de développer cette disponibilité à la communication, augmenter la capacité de respecter toujours les gens et de faire remarquer de plus en plus ce respect. C’est un aspect très important, parce que l’autre, même l’enfant, doit être respecté dans ses choix, son attitude, son intimité; respect qui se manifeste avec une attitude de confiance, de bienveillance envers l’autre, de façon à ce que l’autre surmonte sa peur d’être mal jugé, d’être trompé, ou de voir mal utilisées ses confidences et son ouverture. Des expériences négatives dans ce domaine font souvent que la personne ne soit plus disponible à l’ouverture, à la confiance, à la confidence. Il s’agit de vaincre cette méfiance, cette résistance au dialogue, en développant et en démontrant avec son attitude qu’on a confiance dans les autres et qu’on les accepte. Les autres en effet nous apprennent bien des choses; quand ils entreprennent un dialogue avec nous, ils nous font un don. La confidence de l’autre nous mûrit parce qu’elle nous permet d’approcher un problème, une réalité, non pas de façon abstraite, théorique, mais à travers l’expérience directe de l’autre personne. D’autres échanges permettent la canalisation des énergies créatives de la sexualité en faveur d’une intégration personnelle complète: le travail, les amitiés, les lectures, le développement professionnel, artistique, spirituel, etc. Il existe différentes phases sur la route vers la maturation: - tout d’abord nous sommes plus disponibles et avons plus besoin de recevoir des autres: - ensuite nous avons surtout besoin d’avoir un échange avec les autres (donner et recevoir); - enfin la dernière phase: la capacité de donner même si l’on ne reçoit rien. En réalité, l’on reçoit quand même, mais sous d’autres formes. Souvent nous ne nous mettons pas dans les conditions de recevoir de la part des autres, parce que nous ne savons pas reconnaître et accueillir ce que l’autre nous offre qui peut être différent de ce que nous nous attendions. Il faut apprendre à donner sans avoir besoin de recevoir immédiatement quelque chose en échange, à donner sans que le manque de réponse provoque en nous déception, souffrance ... C’est seulement ainsi que notre capacité de donner sera authentique et mûre. PROBLEMES DE LA FEMME SEULE Une certaine solitude fait partie de la vie de chaque personne, mais on peut avoir des problèmes qui concernent justement la situation de la femme seule. La façon de vivre la sexualité de la femme seule peut présenter des aspects positifs ou négatifs. Analysons-les: Aspects négatifs a) Vivre la sexualité en tant que négative pour soi et pour les autres. Même s’ils ne sont pas exprimés par des mots, quelques comportements ou sentiments poussent souvent à penser que la sexualité n’est pas bonne en soi; la sexualité est pourtant une chose positive en soi, car elle est inventée par Dieu et ordonnée pour le développement de la personne humaine. Malheureusement on peut en faire un mauvais usage, inopportun, prématuré, immature, mais elle ne devient pas mauvaise pour autant. Dire qu’une chose est bonne en soi ne veut pas dire qu’il faut l’utiliser, cela veut dire seulement qu’il faut l’estimer pour sa valeur en soi, en l’utilisant de la façon la plus appropriée. Il existe des raisons psychologiques pour vivre parfois la sexualité d’une façon négative: - des erreurs d’éducation: silences, explications incomplètes ou erronées: celles-ci conduisent l’enfant et l’adolescent à penser que la sexualité est une chose mauvaise dont on ne doit pas parler... Nous devons nous éduquer pour pouvoir éduquer à avoir une vision sereine de la sexualité; ceci ne veut pas dire une vision effrénée qui peut conduire, comme il arrive aujourd’hui, à l’incapacité de respecter certains rythmes et les étapes de l’amour, de comprendre le véritable sens des gestes sexuels et de diriger par conséquent toute sa puissance physique et affective vers la réalisation du but que nous nous proposons. - des attentats sexuels subis dans l’enfance; on calcule qu’un grand nombre d’enfants subissent des attentats de ce genre et qu’ils ont des expériences de masturbation ou d’autre genre; - une révélation prématurée ou violente de la sexualité: il arrive à beaucoup d’enfants qui, n’ayant pas la possibilité de se décharger de leurs angoisses et de leurs sensations à travers le dialogue avec un adulte, ils deviennent incapables d’affronter le problème sexuel d’une façon sereine. L’enfant en effet serait disposé à parler de ce problème si les adultes sont capables de l’affronter sereinement et si savent transmettre une vision sereine, équilibrée, harmonieuse de ce problème. b) Vivre le sexe féminin avec un sens d’infériorité. Quand la fillette découvre qu’elle est physiquement différente du petit garçon, il est important qu’elle comprenne que ce n’est pas un manque, mais c’est une forme différente et qu’elle possède au-dedans d’elle-même sa richesse sexuelle. C’est seulement ainsi que l’on peut faire comprendre à la fillette sa valeur physique, mais aussi sa valeur spirituelle par le fait qu’elle est femme. Alors être femme n’est pas être en fonction de l’homme, mais c’est être différent, avec toute sa réalité de femme. c) Vivre d’une façon dépendante et non mûre les rapports avec la famille, parce que l’on n’a pas encore atteint sa propre formation et sécurité. Aspects positifs, symptômes d’une bonne intégration a) Bonne santé physique et psychique: il existe des symptômes physiques (mal de tête, de ventre, d’estomac) qui expriment un malaise psychique, un état d’angoisse, de difficulté de rapport. b) Richesse affective, une certaine sérénité et joie. Joie n’est pas bonheur, mais sérénité pour affronter la souffrance, les difficultés, les deuils, les maladies. Si le ton général est celui d’insatisfaction de soi ou des autres (l’insatisfaction des autres est souvent le masque de l’insatisfaction de soi) cela signifie que la personne n’a pas encore trouvé son propre équilibre harmonieux. c) Liberté de comportement à l’égard des autres, une certaine désinvolture, et sérénité qui, sans trahir son style de vie, fait preuve d’une véritable disponibilité pour un rapport humain entier et authentique. d) Disponibilité envers les autres. e) Disponibilité aux enthousiasmes, aux nouvelles entre reprises, aux nouveautés: tout en vieillissant, accepter les jeunes, les choses positives, les choses nouvelles. f) Absence d’amertume, de mécontentement et d’agitation. Ceci ne veut pas dire qu’il n’y a pas de temps en temps la sensation d’un manque qui fait souffrir, la nostalgie d’un amour qui n’a pas existé ou d’un enfant qui n’est pas né, mais cette souffrance ne doit pas être constante et surtout ne doit pas être la source d’un repliement sur soi-même mais d’un élan vers la réalisation d’une autre chose. Que devons-nous faire si nous découvrons en nous des aspects négatifs? Il ne faut pas avoir la prétention d’être des personnes parfaites (personne n’est parfait), mais il faut tenir compte de ces éléments que la psychologie nous révèle et essayer de canaliser d’une façon positive toutes les énergies que nous découvrons en nous et qui peut-être s’expriment en nous de façon incomplète et imparfaite. Il y a des buts à atteindre dans sa propre réalisation personnelle; ils pourraient être indiqués comme suit: ° Ne pas être bloquées affectivement, sexuellement, mais vivre et se considérer des personnes en évolution continue; ° ne pas être dépendantes de la famille: c’est un grand danger pour une femme qui ne se marie pas et qui reste en famille, parce que malgré sa profession elle peut rester dépendante affectivement, donc incapable d’assumer son propre rôle autonome, en maintenant des rapports de personne adulte; ° être plus informées sur notre réalité et sur celle des autres, soit comme structure physique, soit comme structure psychique et psychologique; ° ne pas être des personnes qui sont “sans sexe”, ni extérieurement, ni psychologiquement. La modification des rôles, masculins et féminins, dans la société d’aujourd’hui détermine souvent une sensation d’incertitude dans son rôle. Nous devons être des personnes qui conservent leur propre identité, non pas statique, mais claire; ° ne pas être des personnes enfantines, pas mûres, qui dépendent socialement des autres. Ne pas accepter d’être méprisées, non respectées: ceci avant tout signifie avoir le respect de soi-même, ne pas se mépriser; si nous avons le respect de nous-mêmes, si nous pensons valoir quelque chose, nous arrivons à obtenir le respect, à imposer aux autres le respect. Nous connaissons notre valeur en tant que personnes, non par rapport aux qualités que nous possédons, et nous devons nous faire respecter non pas en surmontant les autres mais en recherchant notre propre rôle de personne mûr. ° nous créer une conscience adulte, un sens moral authentique; ne pas nous considérer des personnes qui ont toujours besoin d’une canne à laquelle s’appuyer pour savoir ce qu’elles doivent faire et ce qu’elles doivent être. Il faut apprendre à surmonter le conflit soit entre le besoin de l’appui et le besoin de l’indépendance, soit entre le besoin de dépendance et le besoin d’autonomie. Certains de nos problèmes naissent de ce conflit: parfois nous vivons toute proposition d’entraide, de dialogue comme une menace à notre autonomie, à notre indépendance; d’autres fois nous sommes trop dépendantes et nous exigeons de l’autre personne un rôle dominateur et nous nous sentons abandonnées si elle ne décide pas à notre place. En réalité la personne qui semble être dépendante éprouve une forte agressivité envers la personne qui la domine; il s’agit de mûrir à la recherche de la véritable liberté qui veut dire capacité d’être responsable et autonome dans le dialogue et dans le rapport adulte entre les gens. ° développer une affectivité mûre et harmonieuse, qui ne sera ni possessive (certains rapports d’amitié ne sont pas paritaires, quand ce sont des rapports de domination de l’un sur l’autre), ni de symbiose (où il ne peut y avoir une vie autonome de l’un ou de l’autre parce que l’un dépend totalement de l’autre et réciproquement). FEMINITÉ ET MATERNITÉ La femme mûre doit aussi développer sa féminité et sa maternité. La femme consacrée doit aussi être maternelle, ainsi que féminine. La féminité est l’accueil de l’autre: la femme, dans le rapport physique aussi, accueille l’autre; peut-être l’essence de la féminité consiste dans la capacité d’accueillir, d’être disponible envers l’autre. C’est peut-être cet aspect de la féminité que nous devons préserver aujourd’hui, tandis qu’ou ne peut plus accepter un certain rôle passif ou subordonné. Nous devons comprendre la féminité non comme une hostilité à l’homme (certaines féministes); on ne peut pas non plus considérer l’homme seulement comme le partenaire sexuel de la femme, parce que cela signifierait le limiter à un rôle réductif. La féminité est aussi l’expression de son propre sexe. Nous ne devons pas, extérieurement, apparaitre aux autres désexualisées, ni même de sexe incertain, mais surtout il ne faut pas l’être psychologiquement: nous sommes des femmes et nous nous réalisons en tant que femmes: il faut que nous soyons véritablement femmes pour nous valoriser, mais sans nous laisser enfermer dans des rôles rigides et préfixés. Dans la dignité essentiellement l’homme et la femme ne diffèrent pas, et même certains rôles peuvent s’interchanger: on ne peut accepter que l’homme délègue certains rôles à la femme et lui en interdise d’autres complètement; ni même que la femme empiète sur le domaine de l’homme. La ‘maternité’ est donner; fournir aux autres, une atmosphère tendre, chaleureuse et affectueuse. La mère est celle qui a le sein pour allaiter et l’utérus pour accueillir. Les bonnes mères sont celles qui, plus que donner le lait, donnent amour; être maternelles signifie nourrir l’autre, en favoriser la croissance, pas seulement dans le sens physique du mot. Il y a des mères qui se réfugient dans leur rôle de nourrisseuses et ne se soucient que de voir leurs enfants manger et dormir et se sentent inutiles si leur enfant n’a plus besoin d’elles physiquement. Etre mère veut donc dire accueillir, nourrir, mais aussi laisser croître et pas seulement physiquement, naturellement. Une autre façon d’être mère de façon mûre c’est de savoir se retirer sans tomber malade psychologiquement, sans se sentir inutile; la femme doit arriver à une maternité qui soit capable d’engendrer l’autre comme une personne complète, capable d’exister indépendamment d’elle. Ils existent des rapports non mûrs que nous aussi pouvons transférer dans nos relations avec les autres: quand par exemple nous prenons les autres dépendants de nous, nous menaçons non seulement celui qui est “possédé” mais aussi nous-mêmes, notre développement équilibré. Ceci signifie que nous devons faire attention au mécanisme de notre maternité. ROLE DE L’AMITIÉ L’amitié peut avoir un rôle important dans le développement de la personnalité. Le Christ est certes un ami pour nous, mais il s’agit d’une présence différente: c’est un ami étrange avec lequel on vit un rapport dans la foi et l’espérance. Je ne crois pas que le Christ puisse satisfaire le besoin d’amitié, parce qu’Il nous a demandé de vivre dans la société, donc je crois que nous devons nous donner quelque chose aussi entre nous. L’amitié est quelque chose de vertical (nous et Lui) mais aussi horizontal (nous et les autres). L’amitié psychologiquement peut servir: - pour sortir de nous-mêmes. Elle nous fait faire cette expérience, elle nous pousse à ne pas rester enfermées dans notre monde individuel qui risque de rester mesquin. En effet, une personne renfermée en elle-même, qui ne sait pas communiquer, mais qui aurait une richesse en fantaisie, en imagination et en créativité, restera mesquine si elle se renferme définitivement et n’est pas perméable aux autres; - pour participer avec les autres à leurs sentiments, leurs intérêts, leur affection; - pour s’insérer dans le monde extérieur au-dehors du cercle familial. Il y a des familles qui se renferment en elle - mêmes vis-à-vis des autres et vivent une espèce d’égoïsme collectif, qui ne les développe pas et ne les fait pas croître; - pour "entrer" dans l’autre non d’une façon violente, agressive, irrespectueuse en lui faisant violence contre sa volonté ou un besoin réel, mais en essayant de la comprendre et de faire l’expérience d’être aussi compris, autant qu’il est possible de se comprendre en ce monde. Il ne s’agit pas de sympathie mais d’empathie, c’est-à-dire de sentir au-dedans de soi le même écho que l’autre, au plus profond de lui-même, se sentant presque à la place de l’autre. On apprend en quelque sorte à voir avec les yeux de l’autre, de son point de vue, selon son expérience. Faire ce genre d’expérience avec un ami, avec deux ou plusieurs amis nous permet de mieux comprendre tous les autres, parce que nous aurons développé en nous cette tendance à comprendre les motivations d’un autre, différent de nous. Au fond avoir un ami veut dire avoir une affection pour un autre “différent de moi”. Il existe ici aussi des possibilités de manque de maturité, de déviation; par exemple la recherche de posséder l’ami (comme l’on possède un fils), la jalousie qui est une forme de négation soit de l’amour soit de l’amitié. Notre Dieu est “jaloux”, mais d’une façon différente, d’une façon qui fait croître; le diable conçoit l’amitié comme l’engloutissement de l’autre, comme une prise de possession en empêchant son développement. L’amitié prend l’autre tel qu’il est, et en favorise le développement. L’amitié de Jésus, celle que Jésus nous a assuré avoir pour nous, ne nous trouve pas parfaits, mais nous aide à le devenir. L’amitié n’est pas la possession de l’autre, mais elle n’est pas non plus méfiance à son égard. Naturellement il y a beaucoup de prétendues amitiés; souvent nous appelons amitié beaucoup de choses qui n’en sont que le masque. Si nous réfléchissons un tout petit peu nous nous apercevons qu’il peut y avoir des composantes fausses et nous devons tâcher d’insérer notre sexualité, de la développer vers le bien, de lui donner tous les débouchés que nous venons de voir, pour que l’amitié ne devienne pas ce qu’elle ne doit pas être: possessivité, jalousie... Un autre aspect du rapport avec les autres est celui de ne pas accepter des rôles subalternes, même pas à cause d’un rapport mal compris de dépendance avec un prêtre, un guide spirituel, ou la responsable. Le rapport doit favoriser le développement de notre personnalité dans notre formation et de nos choix de vie; nous devons accepter, et même chercher une aide qui tende à nous faire mieux voir et comprendre la situation, pour que nous puissions faire, nous, notre choix. En aucun cas dans notre vie, nous ne devons accepter des rôles qui nuisent à notre dignité de femme ou de personne. Avoir fait même une seule expérience positive d’amitié authentique donne confiance en soi et dans les autres; tout comme avoir fait une expérience positive dans son rapport avec sa mère donne une base de sécurité que l’on conserve toute la vie: la confiance envers les autres et la sûreté en soi-même que rien ne peut détruire. Et par contre si cette sûreté de base n’a pas été expérimentée et mûrie, chaque petite épreuve nous remet en question, et il s’ensuit une crise d’identité. Dans l’amitié, il y a aussi un aspect d’effusion sentimentale qui, si elle est bien orientée, est utile pour canaliser aussi les énergies sexuelles; il y a dans l’amitié un attachement aussi sensible, une marque de tendresse, mais pas seulement ceci et non sans mesure: ce n’est pas un narcissisme à deux. Nous avons essayé d’analyser certaines voies pour la transmutation consciente de nos énergies sexuelles pour favoriser notre croissance personnelle. En définitive c’est en dirigeant sa capacité d’aimer qu’une femme pourra exprimer son style précis de vie.



29/10/2014
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