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REFLEXIONS PHILOSOPHIQUES


LES DEFIS DE LA FAMILLE POSTMODERNE: MENACE OU CHANCE POUR LA FAMILLE CHRETIENNE

              Le temps postmoderne commence par l’avènement de la chute du Mur de Berlin en 1989. En passant par le temps moderne caractérisé par l’exaltation de la personne humaine qui fait et nous sert de jonction entre lui et l’époque contemporaine marquée par les découvertes scientifiques. Le postmoderne est marqué tout d’abord par l’anthropocentrisme : éliminer Dieu pour que l’homme devienne dieu et loi morale pour lui-même, pour l’autre et pour la communauté. En suite, l‘exaltation de la seule liberté de l’homme par rapport aux lois préétablies. Le seul critère est le plaisir et l’utile. Enfin, la construction d’un monde, d’un nouveau modus vivendi pour toute l’humanité contrastant donc avec l’ancien ordre jugé dépassé, contraire à la vision du monde hérité des anciens, d’un homme tributeur à un Dieu créateur qui conditionne le bonheur à l’obéissance de la loi.

               La postmodernité, peut être dite en plusieurs manières et selon les recherches, en ce qui nous concerne, nous pensons faire allusion à ce qu’elle influe sur la famille, c'est-à-dire, l’influence de la politique internationale, du droit, des médias, de l’éducation et de mode de vie,… qui, d’une manière ou d’une autre tente de changer la compréhension de la famille ou point qu’actuellement, parle-on de familles sous toutes ses formes.

Nous pensons, à travers cette sensibilisation, porter secours aux familles en danger de s’aligner dernière de politiques et pratiques obscurantistes qui détruisent la famille. Aussi, comme le pense sa sainteté Pape Benoit XVI, dans son exhortation apostolique, Caritas in veritate : « continuer à proposer aux nouvelles générations la beauté de la famille et du mariage, la correspondance de ces instituions aux exigences du cœur et de la dignité de la personne devient ainsi une nécessité sociale, et même en œuvre de politiques qui promeuvent le caractère central et l’intégrité de la famille, fondée sur le mariage entre un homme et une femme, cellule première et vitale de la société, prenant en compte ses problèmes économiques et fiscaux, dans les respect de sa nature relationnelle »

                 Après la Conférence du Caire (septembre 1994), le Sommet mondial pour le développement social de Copenhague (mars 1995) et la Quatrième Conférence mondiale des femmes à Beijing (septembre 1995), les conférences organisées ici et là pour célébrer le dixième anniversaire de la Conférence du Caire (Caire + 10) y sont revenu dans leurs objectifs en octroyant plus de droits sexuels et reproductifs encore à la femme et en poussant tous les gouvernements à mettre leur législation en conformité avec les résolutions des grandes Conférences internationales en matière de santé sexuelle et reproductive (cf. résolutions et programmes d'action adoptés au Caire, à Copenhague et à Beijing, réaffirmés en 1997 par la Haute Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, devant être appliqués jusqu'en 2015). Pour ne parler que de pays africains francophones, c'est à la Commission Economique pour l'Afrique que l'Assemblée générale des Nations Unies avait confié la mission de suivre, d'évaluer et de mobiliser des ressources pour l'application des résolutions de la Conférence du Caire en Afrique sub-saharienne

                  Si aujourd’hui, nous pensons que les conséquences de cette théorie influent et détruisent la famille ou tentent de détruire le lien ontologique de la personne et de la famille, les Nations Unies avec sa politique mondiale multipliera bien sûr ses stratégies d’après 2015 pour s’imposer et imposer cette politique dont l’agenda resté caché pour plusieurs. Le discours du Secrétaire général des Nations Unies de ce 31 Décembre 2014 le témoigne. Je cite : « Nous devons redoubler nos efforts communs pour atteindre tous ces objectifs que nous nous sommes assignés ». La déclaration de Mac NAMARA, Président de la Banque mondiale reste d’actualité. Il dit : « En tant qu’organisme de développement, nous devons donner la priorité au problème de la croissance démographique et demander aux gouvernements qui ont l’intention de recourir à notre aide qu’ils fassent de même et qu’ils adoptent une politique en mesure de stabiliser le taux de la croissance démographique » La déclaration du Millénaire est une résolution en 8 points adoptée le 8 septembre 2000 par l'Assemblée Générale des Nations Unies pour réduire de moitié la population mondiale, assurer le développement durable et éliminer la pauvreté d'ici 2015.

THEORIE ET POLITIQUE PRELUDES

            Ce que le monde est actuellement découle de longues et anciennes théories philosophiques qui ont influencé le vécu de populations et la politique souvent directement ou indirectement. La politique mondiale s’en est servi pour l’élaboration des lois et programmes de développement, même les huit objectifs du millénaire. Ceci abouti à réclamer la seule liberté de l’homme comme fondement de tout ce qui est et sera. Par conséquent, ce n’est plus Dieu qui édicte les lois pour l’homme mais ce dernier s’en édicte lui-même selon sa propre raison. Il n’y a rien par excellence d’éternelle, tout doit se faire et se défaire d’après les fantasmes de l’homme.

               Nous citerons, en effet, par exemple, Descartes et la table rase du passé, Jacques Monod et la nature par hasard ; Kant qui affirme l’autonomie de la raison et de la volonté et fonde par conséquent la théorie du droit sur la raison, Nietzche proclame la mort de Dieu et de la loi, Sartres et la liberté souveraine de l’homme, Hobbes et le principe de discernement moral dans la notion de plaisir, Alfred Kinsey recommande la liberté sexuelle, Malthus demande une limitation des naissances, Margaret Sanger et Simone de Beauvoir encouragent le féminisme, le genre et la contraception. Dans le même sillage, nous citerons Derrida et sa théorie de déconstruction et autres. Et d’autres, comme le néo marxiste en particulier, « la révolution sexuelle, conçue comme second temps de la révolution sociale de libération, doit être le facteur majeur pour l’instauration d’une nouvelle société dans laquelle l’homme devrait non seulement être libéré de sa dépendance au travail en usine, mais aussi de la dépendance érotique et affective qui s’instaure dans le mariage et de la dépendance de la vie morale. Selon Sgreccia, Marcuse, le représentant principale de cette idéologie, a théorisé sur la libération de la sexualité de l’hétérosexualité et parlera du ‘’polymorphisme’’ et donc du libre choix du sexe.

               Par rapport à la politique du ‘’gender’’, Les Nations Unies ont organisé quatre conférences mondiales sur les femmes. Celles-ci se sont déroulées au Mexique en 1975, à Copenhague en 1980, à Nairobi en 1985 et à Beijing en 1995. La dernière conférence a été suivie d'une série d'évaluations quinquennales. La quatrième Conférence mondiale sur les femmes, organisée à Beijing en 1995, a marqué un tournant important dans le programme mondial pour l'égalité des sexes. La Déclaration et le Programme d’action de Beijing, adoptés à l'unanimité par 189 pays, forment un programme pour l'autonomisation des femmes considéré comme le principal document de politique mondiale en matière d'égalité des sexes. Celui-ci fixe des objectifs et des actions stratégiques pour la promotion de la femme et la réalisation de l'égalité des sexes.

                De ces conférences ressortirons de concepts comme régulation des naissances, grosses sans risque, autonomisation des femmes, droit sexuels, la contraception, droits des femmes, stérilisation volontaire, mariage sous toutes ses formes, éducation sexuelle et reproductive, droit de choisir. En réalité, la coexistence des interprétations les plus contradictoires, n’est rien d’autres qu’une stratégie manipulatrice pour tromper plusieurs. La définition, par exemple, donnée à la santé sexuelle et reproductive, le paragraphe 7,2 du document final de la conférence du Caire, est une énumération de choix, longue d’un paragraphe, floue, dépourvue des substances claires et ambivalente : santé en matière de reproduction, on entend le bien-être général, tant physique que mental et social, de la personne humaine, pour tout ce qui concerne l'appareil génital, ses fonctions et son fonctionnement et non pas seulement l'absence de maladies ou d'infimités. Cela suppose donc qu'une personne peut mener une vie sexuelle satisfaisante en toute sécurité, qu'elle est capable de procréer et libre de le faire aussi souvent ou aussi peu souvent qu'elle le désire. Cette dernière condition implique qu'hommes et femmes ont le droit d'être informés et d'utiliser la méthode de planification familiale de leur choix, ainsi que d'autres méthodes de leur choix de régulation des naissances qui ne soient pas contraires à la loi, méthodes qui doivent être sûres, efficaces, abordables et acceptables, ainsi que le droit d'accéder à des services de santé qui permettent aux femmes de mener à bien grossesse et accouchement et donnent aux couples toutes les chances d'avoir un enfant en bonne santé. Il faut donc entendre par services de santé en matière de reproduction l'ensemble de méthodes, techniques et services qui contribuent à la santé et au bien-être en matière de procréation en prévenant et résolvant les problèmes qui peuvent se poser en ce domaine »

COMMENT COMPRENDRE LA FAMILLE TRADITIONNELLE ET MODERNE

                 Soutenue par une orchestration  médiatique, les structures applicatives et la force juridique, on cherche à imposer et à faire croire aux personnes qu’elles sont désormais les artisanes d’une nouvelle ère garante de promesses de bonheur pour tous. Par rapport aux moyens de communication, surtout la télévision et le web; ils servent à la promotion de la liberté morale, de la permissivité sexuelle et des types de familles, dites modernes. Les lois votées presque dans tous les pays, sont influencés par des nouveaux idéaux ainsi définis avec le nouveau vocabulaire y affèrent ont un appui juridique afin que les citoyens du monde les revendiquent comme droit. D’où, la promulgation, au niveau  international et national de toutes formes de droit auxquelles nous assistons aujourd’hui: droit sexuel, droit de l’enfant, droit de la femme, droits des homosexuels, droit à la contraception, droit à l’avortement, droit à la libre gestion de la fécondité. La liste est longue. Pas plus qu’hier, nombreuses ONG et organisations régionales se multiplient et se comportent pour humanitaires mais sont chargées d’appliquer cet agenda dont le contenu demeure caché.

               Nous parlerons, en effet, des menaces exogènes et endogènes pour la famille. Pour les premières, on voit celles venues de l’extérieur et sont l’expression de la phase opératoire d’un plan de déconstruction tracée par certains lobbies ou groupe de pression qui veulent imposer une nouvelle vision du monde inspirée d’idéologie souvent athée. Ils se donnent des objectifs et méthodes d’action très subtiles. Les deuxièmes, c’est à dire, les menaces endogènes, en Afrique, en particulier, ce sont cette perplexité causée par certaines pratiques culturelles non respectueuses de la dignité de la personne, les pratiques obscurantistes et les problèmes liées aux conditions de vie.

                  En effet, la famille postmoderne est celle entrainée par une banalisation de la compréhension de l’enfant et de la famille. Selon cette conception, on fait savoir que la famille n’est rien d’autre qu’une union affective qui a la possibilité de se faire et de se défaire quand cela ne va pas.

En suite, c’est la banalisation de la maternité et la promotion du gender. D’où, une sexualité libre et protégée, le sexe est désacralisé, l’important est mis sur la jouissance sexuelle comme acte libre pour le plaisir et l’utile. Enfin, c’est la limitation des naissances qui est envisagée.

COMMENT SURMONTER ET CONSTRUIRE OU CONSOLIDER LA FAMILLE COMME LIEU D’EVANGILISATION

             Après un long parcours en détail de ce qu’est la famille aujourd’hui, nous avons tant soit peu frôler les quelques bases sur lesquelles nous pouvons rester confiants ou construire nos familles. Nous pensons nous résumer dans les quelques pensées et exhortations à la lumière de l’Eglise notre mère.

            L’expérience de croissance d’une plante nous montre qu’il n’est pas seulement important que la graine croisse pour devenir arbre ou autre chose, elle a besoin des engrains pour pouvoir produire des fruits. La construction de la famille nécessite la construction de plusieurs apports : d’une part l’Eglise, d’autre part l’Etat et aussi la famille elle-même.

            S’agissant des menaces exogènes qui ne cessent d’envahir la famille, c'est-à-dire les acquis de la Nouvelle éthique mondiale, quelques pistes de solutions peuvent être envisagées :

Comment alors construire actuellement la famille ?

            « Dans la situation culturelle, il est évident que la famille ne peut que se sentir menacée, car elle est attaquée dans ses fondements mêmes. Tout ce qui est contraire  à la civilisation de l’amour est contraire à la vérité intégrale sur l’homme et devient pour lui une menace : cela ne lui permet pas de se trouver lui-même et de se sentir en sécurité comme époux, comme parent, comme enfants. Les chrétiens sont appelés à discerner les signes de l’action du Saint Esprit dans la nouvelle culture et à l’évangéliser.

            En effet, la famille en ce qui la concerne dans la situation actuelle, a la première responsabilité pour changer le monde et le rendre meilleur. Elle doit prendre aux sérieux cette responsabilité reçue du Créateur, cette fidélité à l’Eglise et à Dieu, comme nous le disons : Dieu ne peut ni nous tromper ni se tromper.

            La famille est cette Eglise domestique ; elle a pour tâche de raviver et de promouvoir tout ce que la nouvelle civilisation tend à rejeter. En tant qu’épiphanie de Dieu, la famille cherche à témoigner Dieu autour de la parole méditée et reçue. Ceci à travers une éducation à la foi et à l’amour. C’est ainsi que la famille devient le cœur de l’Evangile d’un amour qui renonce aux chimères.

            Comme susdit, la promotion de la famille dépend tout d’abord de la famille elle-même et d’autres facteurs après, comme l’Eglise et l’Etat. Comme nous l’a exhorté sa sainteté Pape Jean Paul II, il faut aller en l’encontre de ce qui est contraire à la vérité intégrale de l’homme. Cette promotion, à notre avis, passera par une rencontre réelle avec le Christ par une éducation à la foi et à l’amour, une transformation de la famille en une véritable église domestique d’une part et d’autre part par la promotion du mariage chrétien et rejet de toute contraception dans le planning familial.

L’Intégralité de ce texte est téléchargeable sur : www.muba-info.blog4ever.com; merci de poser vos analyses pour nous permettre d’aller de l’avant.


05/02/2015
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LES DEFIS DE LA FAMILLE POSTMODERNE: MENACE OU CHANCE POUR LA FAMILLE CHRETIENNE

             

LES DEFIS DE LA FAMILLE POSTMODERNE: MENACE OU CHANCE POUR LA FAMILLE CHRETIENNE           

 

         Le temps postmoderne commence par l’avènement de la chute du Mur de Berlin en 1989. En passant par le temps moderne caractérisé par l’exaltation de la personne humaine qui fait et nous sert de jonction entre lui et l’époque contemporaine marquée par les découvertes scientifiques. Le postmoderne est marqué tout d’abord par l’anthropocentrisme : éliminer Dieu pour que l’homme devienne dieu et loi morale pour lui-même et pour l’autre et pour la communauté. En suite, ‘exaltation de la seule liberté de l’homme par rapport aux lois préétablies. Le seul critère est le plaisir et l’utile. Enfin, la construction d’un monde, d’un nouveau modus vivendi pour toute l’humanité contrastant donc avec l’ancien ordre jugé dépassé, contraire à la vision du monde hérité des anciens, d’un homme tributeur à un Dieu créateur qui conditionne le bonheur à l’obéissance de la loi.

          La postmodernité, peut être dite en plusieurs manières et selon les recherches, en ce qui nous concerne, nous pensons faire allusion à ce qu’elle influe sur la famille, c'est-à-dire, l’influence de la politique internationale, du droit, des médias, de l’éducation et de mode de vie,… qui, d’une manière ou d’une autre tente de changer la compréhension de la famille ou point qu’actuellement, parle-on de familles sous toutes ses formes.

Nous pensons, à travers cette sensibilisation, porter secours aux familles en danger de s’aligner dernière de politiques et pratiques obscurantistes qui détruisent la famille. Aussi, comme le pense sa sainteté Pape Benoit XVI, dans son exhortation apostolique, Caritas in veritate : « continuer à proposer aux nouvelles générations la beauté de la famille et du mariage, la correspondance de ces instituions aux exigences du cœur et de la dignité de la personne devient ainsi une nécessité sociale, et même en œuvre de politiques qui promeuvent le caractère central et l’intégrité de la famille, fondée sur le mariage entre un homme et une femme, cellule première et vitale de la société, prenant en compte ses problèmes économiques et fiscaux, dans les respect de sa nature relationnelle »

            Après la Conférence du Caire (septembre 994), le Sommet mondial pour le développement social de Copenhague (mars 1995) et la Quatrième Conférence mondiale des femmes à Beijing (septembre 1995), les conférences organisées ici et là pour célébrer le dixième anniversaire de la Conférence du Caire (Caire + 10) y sont revenu dans leurs objectifs en octroyant plus de droits sexuels et reproductifs encore à la femme et en poussant tous les gouvernements à mettre leur législation en conformité avec les résolutions des grandes Conférences internationales en matière de santé sexuelle et reproductive (cf. résolutions et programmes d'action adoptés au Caire, à Copenhague et à Beijing, réaffirmés en 1997 par la Haute Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, devant être appliqués jusqu'en 2015). Pour ne parler que de pays africains francophones, c'est à la Commission Economique pour l'Afrique que l'Assemblée générale des Nations Unies avait confié la mission de suivre, d'évaluer et de mobiliser des ressources pour l'application des résolutions de la Conférence du Caire en Afrique sub-saharienne

            Si aujourd’hui, nous pensons que les conséquences de cette théorie influent et détruisent la famille ou tentent de détruire le lien ontologique de la personne et de la famille, les Nations Unies avec sa politique mondiale multipliera bien sûr ses stratégies après 2015 pour s’imposer et imposer cette politique dont l’agenda resté caché pour plusieurs. Le discours su Secrétaire général des Nations Unies de ce 31 Décembre 2014 le témoigne. Je cite : « Nous devons redoubler nos efforts communs pour atteindre tous ces objectifs que nous nous sommes assignés ». La déclaration de Mac NAMARA, Président de la Banque mondiale reste d’actualité. Il dit : « En tant qu’organisme de développement, nous devons donner la priorité au problème de la croissance démographique et demander aux gouvernements qui ont l’intention de recourir à notre aide qu’ils fassent de même et qu’ils adoptent une politique en mesure de stabiliser le taux de la croissance démographique » La déclaration du Millénaire est une résolution en 8 points adoptée le 8 septembre 2000 par l'Assemblée Générale des Nations Unies pour réduire de moitié la population mondiale, assurer le développement durable et éliminer la pauvreté d'ici 2015.

THEORIE ET POLITIQUE PRELUDES

            Ce que le monde est actuellement découle de longues et anciennes théories philosophiques souvent directement ou indirectement. La politique mondiale s’en est servi pour l’élaboration des lois et programmes de développement, même les huit objectifs du millénaire. Ceci abouti à réclamer la seule liberté de l’homme comme fondement de tout ce qui est et sera. Par conséquent, ce n’est plus Dieu qui édicte les lois pour l’homme mais ce dernier s’en édicte lui-même selon sa propre raison. Il n’y a rien par excellence d’éternelle, tout doit se faire et se défaire d’après les fantasmes de l’homme.

               Nous citerons, en effet, par exemple, Descartes et la table rase du passé, Jacques Monod et la nature par hasard ; Kant qui affirme l’autonomie de la raison et de la volonté et fonde par conséquent la théorie du droit sur la raison, Nietzche proclame la mort de Dieu et de la loi, Sartres et la liberté souveraine de l’homme, Hobbes et le principe de discernement moral dans la notion de plaisir, Alfred Kinsey recommande la liberté sexuelle, Malthus demande une limitation des naissances, Margaret Sanger et Simone de Beauvoir encouragent le féminisme, le genre et la contraception. Dans le même sillage, nous citerons Derrida et sa théorie de déconstruction et autres. Et d’autres, comme le néo marxiste en particulier, « la révolution sexuelle, conçue comme second temps de la révolution sociale de libération, doit être le facteur majeur pour l’instauration d’une nouvelle société dans laquelle l’homme devrait non seulement être libéré de sa dépendance au travail en usine, mais aussi de la dépendance érotique et affective qui s’instaure dans le mariage et de la dépendance de la vie morale. Selon Sgreccia, Marcuse, le représentant principale de cette idéologie, a théorisé sur la libération de la sexualité de l’hétérosexualité et parlera du ‘’polymorphisme’’ et donc du libre choix du sexe.

               Par rapport à la politique du ‘’gender’’, Les Nations Unies ont organisé quatre conférences mondiales sur les femmes. Celles-ci se sont déroulées au Mexique en 1975, à Copenhague en 1980, à Nairobi en 1985 et à Beijing en 1995. La dernière conférence a été suivie d'une série d'évaluations quinquennales. La quatrième Conférence mondiale sur les femmes, organisée à Beijing en 1995, a marqué un tournant important dans le programme mondial pour l'égalité des sexes. La Déclaration et le Programme d’action de Beijing, adoptés à l'unanimité par 189 pays, forment un programme pour l'autonomisation des femmes considéré comme le principal document de politique mondiale en matière d'égalité des sexes. Celui-ci fixe des objectifs et des actions stratégiques pour la promotion de la femme et la réalisation de l'égalité des sexes.

               De ces conférences ressortirons de concepts comme régulation des naissances, grosses sans risque, autonomisation des femmes, droit sexuels, la contraception, droits des femmes, stérilisation volontaire, mariage sous toutes ses formes, éducation sexuelle et reproductive, droit de choisir,  PPPPPPPPPP. En réalité, la coexistence des interprétations les plus contradictoires, n’est rien d’autres qu’une stratégie manipulatrice pour tromper plusieurs. La définition, par exemple, donnée à la santé sexuelle et reproductive, le paragraphe 7,2 du document final de la conférence du Caire, est une énumération de choix, longue d’un paragraphe, floue, dépourvue des substances claires et ambivalente : santé en matière de reproduction, on entend le bien-être général, tant physique que mental et social, de la personne humaine, pour tout ce qui concerne l'appareil génital, ses fonctions et son fonctionnement et non pas seulement l'absence de maladies ou d'infimités. Cela suppose donc qu'une personne peut mener une vie sexuelle satisfaisante en toute sécurité, qu'elle est capable de procréer et libre de le faire aussi souvent ou aussi peu souvent qu'elle le désire. Cette dernière condition implique qu'hommes et femmes ont le droit d'être informés et d'utiliser la méthode de planification familiale de leur choix, ainsi que d'autres méthodes de leur choix de régulation des naissances qui ne soient pas contraires à la loi, méthodes qui doivent être sûres, efficaces, abordables et acceptables, ainsi que le droit d'accéder à des services de santé qui permettent aux femmes de mener à bien grossesse et accouchement et donnent aux couples toutes les chances d'avoir un enfant en bonne santé. Il faut donc entendre par services de santé en matière de reproduction l'ensemble de méthodes, techniques et services qui contribuent à la santé et au bien-être en matière de procréation en prévenant et résolvant les problèmes qui peuvent se poser en ce domaine »

COMMENT COMPRENDRE LA FAMILLE TRADITIONNELLE ET MODERNE

                  Soutenue par une orchestration  médiatique, les structures applicatives et la force juridique, on cherche à imposer et à faire croire aux personnes qu’elles sont désormais les artisanes d’une nouvelle ère garante de promesses de bonheur pour tous. Par rapport aux moyens de communication, surtout la télévision et le web; ils servent à la promotion de la liberté morale, de la permissivité sexuelle et des types de familles, dites modernes. Les lois votées presque dans tous les pays, sont influencés par des nouveaux idéaux ainsi définis avec le nouveau vocabulaire y affèrent ont un appui juridique afin que les citoyens du monde les revendiquent comme droit. D’où, la promulgation, au niveau  international et national, De toutes les formes de droit auxquelles nous assistons aujourd’hui: droit sexuel, droit de l’enfant, droit de la femme, droits des homosexuels, droit à la contraception, droit à l’avortement, droit à la libre gestion de la fécondité. La liste est longue. Pas plus qu’hier, nombreuses ONG et organisations régionales se multiplient et se comportent pour humanitaires mais sont chargées d’appliquer cet agenda dont le contenu demeure caché.

Nous parlerons, en effet, des menaces exogènes et endogènes pour la famille actuellement. Pour les premières, on voit les menaces venues de l’extérieur et sont l’expression de la phase opératoire d’un plan de déconstruction tracée par certains lobbies ou groupe de pression qui veulent imposer une nouvelle vision du monde inspirée d’idéologie athée. Ils se donnent des objectifs et méthodes d’action très subtiles. Les deuxièmes, c’est à dire, les menaces endogènes, en Afrique, en particulier, ce sont cette perplexité causée par certaines pratiques culturelles non respectueuses de la dignité de la personne, les pratiques obscurantistes et les problèmes liées aux conditions de vie.

            En effet, la famille postmoderne est celle entrainée par une banalisation de la compréhension de l’enfant et de la famille. Selon cette conception, on fait savoir que la famille n’est rien d’autre qu’une union affective qui a la possibilité de se faire et de se défaire quand cela ne va pas.

En suite, c’est la banalisation de la maternité et la promotion du gender. D’où, une sexualité libre et protégée, le sexe est désacralisé, l’important est mis sur la jouissance sexuelle comme acte libre pour le plaisir et l’utile. Enfin, c’est la limitation des naissances qui est envisagée.

COMMENT SURMONTER ET CONSTRUIRE OU CONSOLIDER LA FAMILLE COMME LIEU D’EVANGILISATION

          Après un long parcours en détail de ce qu’est la famille aujourd’hui, nous avons tant soit peu frôler les quelques bases sur lesquelles nous pouvons rester confiants ou construire nos familles. Nous pensons nous résumer dans les quelques pensées et exhortations à la lumière de l’Eglise notre mère.

            L’expérience de croissance d’une plante nous montre qu’il n’est pas seulement important que la graine croisse pour devenir arbre ou autre chose, elle a besoin des engrains pour pouvoir produire des fruits. La construction de la famille nécessite la construction de plusieurs apports : d’une part l’Eglise, d’autre part l’Etat et aussi la famille elle-même.

            S’agissant des menaces exogènes qui ne cessent d’envahir la famille, c'est-à-dire les acquis de la Nouvelle éthique mondiale, quelques pistes de solutions peuvent être envisagées :

Comment alors construire actuellement la famille ?

            « Dans la situation culturelle, il est évident que la famille ne peut que se sentir menacée, car elle est attaquée dans ses fondements mêmes. Tout ce qui est contraire  à la civilisation de l’amour est contraire à la vérité intégrale sur l’homme et devient pour lui une menace : cela ne lui permet pas de se trouver lui-même et de se sentir en sécurité comme époux, comme parent, comme enfants. Les chrétiens sont appelés à discerner les signes de l’action du Saint Esprit dans la nouvelle culture et à l’évangéliser.

            En effet, la famille en ce qui le concerne dans la situation actuelle, a la première responsabilité pour changer le monde et le rendre meilleur. Elle doit prendre aux sérieux cette responsabilité reçue du Créateur, cette fidélité à l’Eglise et à Dieu, comme nous le disions : Dieu ne peut nous tromper et se tromper.

            La famille est cette Eglise domestique ; elle a pour tâche de raviver et de promouvoir tout ce que la nouvelle civilisation tend à rejeter. En tant qu’épiphanie de Dieu, la famille cherche à témoigner Dieu autour de la parole méditée et reçue. Ceci à travers une éducation à la foi et à l’amour. C’est ainsi que la famille devient le cœur de l’Evangile d’un amour qui renonce aux chimères.

            Comme susdit, la promotion de la famille dépend tout d’abord de la famille elle-même et d’autres facteurs après. Comme nous l’a exhorté sa sainteté Pape Jean Paul II, il faut aller en l’encontre de ce qui est contraire à la vérité intégrale de l’homme. Cette promotion, à notre avis, passera par une rencontre réelle avec le Christ par une éducation à la foi et à l’amour, une transformation de la famille en une véritable église domestique d’une part et d’autre part par la promotion du mariage chrétien et rejet de toute contraception dans le planning familial.

L’Intégralité de ce texte est téléchargeable sur : www.muba-info.blog4ever.com; merci de poser vos analyses pour nous permettre d’aller de l’avant.



[1] MUHANZI Louis Emmanuel est étudiant de troisième cycle à l’Université Officielle de Bukavu, département de Philosophie, option Philosophie morale.  Animateur responsable de l’Action UHARIF/FOYER EK’BANA, journaliste bénévole à la Radio Maria RDC

Contact : email : mubamerci@gmail.com, Blog: www.muba-info.blog4ever.com Tél : +243 853 657 374 ; +243 995 682 390

 


29/01/2015
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RD CONGO – KABILA : VERS UNE PRESIDENCE A VIE ?

RD CONGO – KABILA : VERS UNE PRESIDENCE A VIE ?

Par MUHANZI Louis Emmanuel[1]

E

n République Démocratique du Congo, le président Joseph Kabila semble avoir, enfin, trouvé le stratagème devant lui permettre de conserver le pouvoir au-delà de la limite constitutionnelle de décembre 2016 : le glissement du calendrier électoral. Selon le ministre de la Communication, Lambert Mende, l’élection présidentielle pourrait bien se tenir en 2017 au lieu de 2016. Si la présidentielle peut se tenir en 2017 au lieu de 2016, elle peut aussi se tenir en 2018, 2020, 2022… En Afrique, lorsqu’un président réussit à faire glisser le calendrier électoral, le glissement continue à sa guise.

Pour rappel, le dernier mandat du président Mobutu s’arrêtait en décembre 1991. Par une série de manœuvres, Mobutu parvint à faire glisser le calendrier électoral année après année et à se maintenir au pouvoir jusqu’à son renversement par les troupes de l’AFDL le 17 Mai 1997. La Côte d’Ivoire fit, elle aussi, les frais du glissement du calendrier électoral. A la suite d’une série d’évènements et de manœuvres, le président Laurent Gbagbo, dont le mandat s’arrêtait en 2005, réussit à conserver le pouvoir, hors mandat, cinq ans durant [1]. L’élection avait été reportée une première fois, puis une deuxième fois,… jusqu’à six fois. Le président Gbagbo sera finalement renversé en Avril 2011 par une coalition formée de l’armée française, des forces de son rival Ouattara et des unités de l’ONUCI (la force des Nations unies en Côte d’Ivoire).

Kabila, ses parrains et la répression

Joseph Kabila semble avoir opté pour la même trajectoire, faute d’avoir pu modifier les articles verrouillés de la Constitution [2] : rester le plus longtemps possible à la tête du pays. Le malheur pour les Congolais est qu’il bénéficie d’un environnement international et régional favorable. Quatre présidents africains au moins tiennent à son maintien au pouvoir. L’Angolais Edouardo dos Santos, le Sud-africain Jacob Zuma et surtout ses deux parrains de l’Est : Paul Kagame et Yoweri Museveni. Il faudrait que les Congolais soient en capacité de lutter avec suffisamment de détermination pour faire reculer le soutien des quatre présidents avant d’envisager sérieusement de déboulonner le Rais à Kinshasa. Quant à la mission de l’ONU au Congo, la MONUSCO, on ne l’imagine pas se battre, comme l’ONUCI en Côte d’Ivoire, contre les forces de Kabila [3]. Sur le plan militaire, Joseph Kabila a doté sa garde prétorienne, les GR, d’importants moyens militaires dont elle se sert essentiellement pour écraser les mouvements populaires hostiles au président, une stratégie de répression dans le sang [4] dont les Congolais vont continuer de faire les frais [5].

Au-delà du Congo et de la région, les Américains, qui disposent de meilleurs atouts pour faire partir Kabila, jouent plutôt double-jeu. Officiellement, ils souhaitent son départ, mais officieusement, ils œuvrent à son maintien au pouvoir, ce dont la plupart des Congolais sont loin de se douter. La politique américaine vis-à-vis du Congo repose souvent sur « le double discours » [6]. Les prises de position officielles sont fréquemment en contradiction avec la réalité de la politique menée.

Le président, les Grands lacs et les « hors mandat »

On garde toujours à l’esprit le fait que Joseph Kabila n’exerce pas un pouvoir présidentiel tout à fait autonome, mais opère dans un réseau, un dispositif mis en place par les Américains et les Britanniques après la guerre de 1996 pour contrôler les ressources minières du Congo [7]. A priori, les Américains ne peuvent envisager le départ de Kabila que si son potentiel successeur est d’un profil compatible avec la politique qu’ils mènent dans la région des Grands lacs, politique articulée autour de l’axe Kampala – Kigali. Un profil difficile à « vendre » aux Congolais dans le contexte actuel. Washington devrait donc continuer à maintenir discrètement, mais fermement, Kabila au pouvoir malgré quelques récriminations dans les discours officiels. Bref, dans leur lutte contre le maintien de Kabila au pouvoir, les Congolais ne risquent pas de rencontrer beaucoup d’amis[8]. Ils pourraient même se heurter à des ennemis inattendus [9], et Kabila le sait. Il sait aussi que passé 2016, tous les mandats (présidentiel, parlementaires, provinciaux,…) auront « glissé », ce qui est déjà le cas des mandats sénatoriaux.

En effet, les membres actuels du sénat sont issus des élections de 2007. Ils devaient se représenter devant les électeurs en 2012. Leur calendrier électoral continue de « glisser », et ils ne s’en plaignent pas, bien évidemment. Après décembre 2016, il suffira à Kabila de dire aux députés, aux sénateurs et aux autres « élus » locaux : « nous sommes tous hors-mandats. Nous pouvons continuer comme ça ». Il y aura d’un côté le peuple congolais qui attendra les élections, de l’autre, des dirigeants hors mandat. Sorte de Mobutu durant les interminables années de la Conférence nationale souveraine. Mais personne ne sait si les Congolais peuvent accepter l’amorce d’une deuxième présidence à vie après avoir enduré l’interminable règne de Mobutu. On ne sait pas non plus si un soulèvement populaire, sur l’exemple du Burkina Faso, peut se produire au Congo. Mais l’ancien sous-secrétaire d’Etat américain aux Affaires africaines, Herman Cohen, a prévenu le 17 décembre dernier que « le soulèvement populaire à Kinshasa dépassera de très loin celui vécu à Ouagadougou ».

 

 



[1] Philosophe de formation et Chercheur de troisième cycle à l’Université Officielle de Bukavu


26/01/2015
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POUR COMPRENDRE LA POSTMODERNITE

Mise en route :

Parmi tous les courants littéraires qui existent, le postmodernisme est probablement le plus complexe à décrire puisqu’il est encore en construction et surtout particulièrement diversifié. Néanmoins, il demeure possible d’en dresser un portrait général et de poser les bases de ces écritures éclatées et mouvantes afin de voir ce qui forme au fond notre propre culture actuelle.

1-      Contexte socio-historique

De manière générale, nous situons le début de la période postmoderne vers 1980. Comme son nom l’indique, la postmodernité face suite à la modernité, une période marquée par le désir de transformer la littérature – les courants de l’absurde et de l’existentialisme en tête au niveau international dans les années 50 – ainsi que par les mouvements de contre-culture, de libération sexuelle, de féminisme, de socialisme et de nationalisme à leur apogée dans les années 60 et 70. Cependant, ces mouvements s’essoufflent alors que la science se développe à une vitesse fulgurante. L’homme contemporain a l’impression de vivre dans une société de plus en plus stressée et stressante où en un éclair on peut devenir dépassé. Mondialement, on est loin de l’effervescente des années « peace and love » : on assiste à la crise du pétrole, aux multiples guerres civiles, à la propagation du sida, à la Guerre Froide, à la catastrophe de Tchernobyl, aux manifestations de la place Tian'anmen, à la chute du mur de Berlin, au retour du libéralisme, à la fin de l’URSS, au génocide rwandais, au 11 septembre 2001, etc. Au Québec, c’est le référendum de 1980 qui donne le coup de grâce aux grands projets de société élaborés durant deux décennies.

Bref, on ne sait plus trop où s’en va l’avenir, le futur donne le vertige, on cherche des repères perdus et la pensée collective passe du « nous » au « je ». L’individualisme devient une idéologie dominante dans une société de consommation extrême où l’image est encore une fois maîtresse, amplifiée qu’elle est par l’omniprésence des médias dans la vie de tous les jours. La notion de télé-réalité fait d’ailleurs son entrée et envahit même la littérature où fiction et réalité s’entrecroisent sans qu’on puisse en définir les frontières. Il en va de même pour tout l’imaginaire : le monde étant maintenant à notre portée, la notion d’immigration et de métissage étant de plus en plus présente, le virtuel étant presque une autre vie, où se trouve la limite entre le possible et l’impossible ? Quel sens pouvons-nous donner à la vie, au couple, aux enfants, au corps, à la sexualité, à la religion ? C’est l’ère du vide, du territoire intérieur où on cherche encore notre identité.

2- Principales caractéristiques de l’écriture postmoderne

Comme nous l’avons survolé dans le contexte socio-historique, plusieurs thèmes importants caractérisent les œuvres postmodernes : l’errance, la quête identitaire, la recherche de l’équilibre intérieur et interpersonnel, les rapports homme/femme, la sexualité, le quotidien, la solitude, l’importance des apparences, la recherche d’appartenance par la relecture de l’histoire / par un retour aux sources, le pluralisme et métissage des cultures, les relations interculturelles, la confusion entre le réel et le virtuel, le temps, etc. Bref, l’écrivain postmoderne joue dans un registre très personnel, mais possède un champ de possibilité très varié.
En vérité, l’auteur postmoderne ne se réinvente pas : il puise plutôt dans ce qui existe déjà, récupère ce qui l’intéresse et en forme une œuvre distincte. Il mélange les styles de différentes époques, les différents arts et formes d’expression, comme pour refléter la réalité actuelle, multiple et diversifiée. Parfois même, il ne fait que revisiter une œuvre classique pour la mettre à la sauce moderne.

Il n’en demeure pas moins que l’écriture postmoderne possède ses propres formes personnelles. Le temps du récit, par exemple, est bien souvent éclaté, loin du naturel ordre chronologique. Les auteurs s’amusent souvent à superposer plusieurs histoires en même temps, à entremêler les époques et les instants, à suspendre, couper, revenir, puis projeter leurs personnages dans le temps, mais aussi l’espace. Celui-ci est tout aussi éclaté, diversifié et ouvert. On joue sur l’espace du rêve, de l’imaginaire versus l’espace quotidien. Mais c’est principalement le rapport des personnages dans leur espace intérieur où ils sont inquiets parce qu’ils ne savent pas trop comment être avec l’espace auteur d’eux. Ces derniers, souvent seuls, deviennent souvent des étrangers, car tout humain est au fond un étranger. Ils cherchent leurs racines, leur identité. Ils remettent en question leurs rapports face à l’art, à leur vie personnelle, à l’égalité dans le couple.

Le récit est souvent raconté au « je », ou du moins de manière assez subjective. Le narrateur devient aussi, parfois, un enfant ou un adolescent dans le but d’apporter un éclairage nouveau, une sensibilité nouvelle face à la société et au rapport avec l’autorité parentale. Pourtant, la famille est bien souvent absente de la réalité des protagonistes, ce qui entraîne un net clivage avec la période moderne.

Une autre grande différence se trouve au sujet de la langue où là encore le mélange des genres est bien présent. On n’hésite plus à marier les divers niveaux de langage, de tonalité, de références culturelles, etc. Finalement, même les œuvres narratives possèdent une certaine touche poétique par l’utilisation très fréquente de la métaphore tout en gardant son côté hybride, même un peu provoquant, à travers les images chocs. La ponctuation peut être abondamment utilisée tout comme être presque totalement absente. La postmodernité marque ainsi le règne de l’écriture extrême.

2-      La littérature postmoderne vue concrètement

À vue de nez, il peut sembler difficile de d’identifier les œuvres marquantes de la littérature postmoderne. Il n’est cependant pas très difficile de s’en procurer et d’y plonger : la majorité des auteurs actuels sont, qu’ils le veuillent ou non, les porteurs de flambeaux de la postmodernité. Afin cependant d’y voir plus clair, nous allons nous pencher sur différentes œuvres, principalement québécoises, et soulever les caractéristiques proposées au point 2.

Dans Les Faux Fuyants (1982) de Monique LaRue, on peut très clairement observer le questionnement identitaire et existentiel du personnage, un enfant sans père marqué par l’alcoolisme de sa mère : « C’était minuit moins cinq à l’horloge de la vie-mort, le temps ou jamais, c’est clair, de trancher pour une césarienne puisque l’avortement n’a pas eu lieu, ni la fausse-couche pourtant plausible, et qu’on est définitivement vivants, nous voilà. Qu’est-ce qu’on peut faire à ça ? On ne peut tout de même pas végéter toute une vie dans l’atonalité et l’hébétement mental, on ne peut pas accepter simplement de pourrir. Il faut bien grandir, quand on est vivant. Il était minuit moins cinq, et plus que temps de décider entre la surface et le fond. Agir. Faire face. Une seule façon de gagner. Toujours moyen d’en sortir. Ne pas jouer perdant. Survivre. » La notion de réalité est un peu nébuleuse dans ce texte bien qu’elle soit au fond très présente. Il est question des rapports avec la mère sans que celle-ci soit textuellement nommée ou qu’elle intervienne dans le récit. L’utilisation de phrases très courtes marque aussi la détermination du personnage lorsqu’il est question d’action concrète, contrairement à ses réflexions très longues et métaphoriques.

Flora Balzano aborde quant à elle le thème de l’immigration et du multiculturalisme dans son roman Soigne ta chute (1991) : « On est sûr de rien quand on est immigrant. C’est le grand tâtonnement, le grand étonnement, le nombre de pharmacies, de banques, de salon funéraires, qu’il y a dans ce pays, incroyable, le nombre de chaînes de télévision, le nombre de jours gris et froids et moches. On n’est plus sûr de rien. C’est le grand questionnement. […] Tous les immigrants sont des écoliers. Les écoliers c’est l’avenir. Donc, les immigrants, c’est l’avenir. » Elle utilise une forme de cynisme pour exprimer sa réalité, une réalité où elle ne sait pas trop comment agir en rapport avec son nouvel environnement. Balzano montre aussi dans son roman un exemple de déconstruction de la structure narrative en racontant son histoire à l’envers.

Littoral (1998), une pièce de Wadji Mouawad, contient aussi un extrait très probant au sujet de la confusion entre le réel et le virtuel lorsque le personnage de Wilfrid se retrouve à discuter avec son père qui est en fait décédé :

« WILFRID – Non mais là je capote pour vrai ! C'est pas possible ! Je rêve pas là, je suis réveillé, je rêve pas !

LE PÈRE – Mais non, tu rêves pas.

WILFRID – Ben alors qu'est-ce que tu fais là ?

LE PÈRE – Quoi, qu'est-ce que je fais là ?

WILFRID – Je veux dire t'es mort, t'es mort, non ? T'es mort ?
LE PÈRE – Tu compliques toujours tout !

WILFRID – Non mais je rêve !Je rêve !

LE PÈRE – Mais pourquoi tu t'énerves ?

WILFRID – Mais t'es mort, c'est pour ça que je m'énerve !

LE PÈRE – Mais il n'y a pas lieu de s’énerver. Je suis mort, je suis mort, et alors, c'est pas la fin du monde. La preuve, je suis ici, avec toi, on est là tous les deux et on est ensemble et c'est bien. Et c'est tout.

WILFRID – Mais c'est pas normal. C'est pas normal !

LE PÈRE – Quoi ça, c'est pas normal !

WILFRID – Mais enfin que tu sois ici, tranquillement avec moi ! Les morts c'est les morts et les vivants c'est les vivants. Mais toi, mort, avec moi, vivant, c'est pas normal.

LE PÈRE – Et alors c'est pas normal ?

WILFRID – Alors rien, sauf que je capote un peu, je ne sais plus ce qui se passe, je ne sais même plus si je rêve, je ne sais même plus si je dors, je ne sais même plus si je suis encore vivant. Je ne sais même plus qui est mort ! Qui est mort, hein ? Qui est mort entre toi et moi, qui ? C'est peut-être moi, si je suis là avec toi, c'est que je suis mort, c'est peut-être toi le vivant et tu viens de perdre ton fils, ton fils est mort, il est mort !
LE PÈRE – Mais non t'es pas mort. Si tu étais mort, tu le saurais, tu n'aurais aucun doute. Crois-en mon expérience. »

En continuant sur la lancée théâtrale, il est important de souligner que c’est dans ce domaine que la récupération, le renouvellement d’œuvres classiques est le plus commun. Plusieurs exemples peuvent être donnés comme Le songe d’une nuit d’été de Robert Lepage ou Peter Brook ainsi qu’Hamlet-Machine d’Heiner Müller mis en scène par Gilles Maheu, deux œuvres tirées du répertoire Shakespearien et revues, réécrites, remontées à la saveur postmoderne.

La poésie n’est pas non plus en reste avec une panoplie d’auteurs qui s’acharnent à déconstruire et reconstruire fragments par fragments leur monde intérieur. Parmi eux, Hélène Dorion aborde le thème récurrent de la solitude, très cher à la littérature postmoderne, dans ces vers de son recueil Un visage appuyé contre le monde (1990) : « Je ne sais pas encore passer à travers une ombre, comme on passe dans une chambre d'hôtel, une salle d'attente;
ces liens minuscules du silence enfoui en nous.

Je ne sais pas me perdre dans ce qui vient et ne reviendra pas; aller parmi ces jours sans nom, ces heures où l'on ne trouve rien à poser de nous-même mais dont nos mains gardent tracecomme d'inutiles déchirures. […] »

Finalement, les années 2000 contiennent aussi leur lot d’œuvres prépondérantes. Putain de Nelly Arcan en est l’une d’elle. Son roman paru en 2001 a choqué bien des gens par son propos cru et souvent juste sur la femme, l’hypersexualisation, les relations hommes-femmes et surtout la prostitution, thème central et autobiographique, ajoutant à l’ambiguïté du statut de l’ouvrage.

Dans cet extrait, Arcan discute de son adolescence :
« […] ma haine venait à bout de ce qui tenait de s’épanouir autour de moi, j’étais d’ailleurs l’anorexique de l’école car il fallait bien que je me démarque, regardez-moi disparaître et voyez de quelle façon j’aime la vie, et déjà je paradais dans mon refus de n’être plus une enfant, de me répandre ainsi en rondeurs alors que ma mère s’amenuisait toujours plus, alors qu’elle ne voulait plus sortir de son lit, et si mes copines m’avaient été fidèles je n’aurais jamais souhaité leur perte, si elles m’avaient adorée au point de laisser tomber tout le teste, si elles m’avaient suivie comme les apôtres ont suivi Jésus-Christ, les filets de pêche à la dérive, le cœur plein de reconnaissance d’avoir été choisies, j’aurais peut-être fait un effort pour devenir comme elles, charnelles et bouclées, je me serais rangée de leur côté, mais ma maigreur les aidait à sourire, à pencher la tête vers l’arrière pour mettre leur poitrine en valeur[…] » Arcan est reconnue pour ses phrases pouvant durer des pages entières, comme une provocation face aux normes établies, signe de son rapport conflictuel avec la société.
Enfin, un dernier auteur vient ici illustrer l’écriture postmoderne. Tout son roman est en fait une démonstration des principes d’éclatement des données et de superpositions des récits. Dans Nikolski (2005), Nicolas Dickner nous plonge dans trois mondes parallèles tous reliés par un même centre.

De plus, il s’amuse à multiplier les références littéraires et techniques dans tous les entremêlements entre les existences des trois personnages, trois errants à la recherche de leur identité. Dans le passage qui suit, Joyce, l’un des trois protagonistes et pirate informatique, évoque son rapport de plus en plus éloigné avec la réalité tant son univers est branché sur le monde virtuel du web et de ses réseaux internes :
« Joyce a l’impression de vivre en marge d’un monde précieux et insaisissable. De l’autre côté de cette fenêtre, les événements se produisent par eux-mêmes, sans que l’on puisse les arrêter ou infléchir leur logique propre. Chaque seconde, chaque instant se déroule pour la première et la dernière fois. Impossible d’interrompre ce processus, de revenir en arrière ou d’enregistrer une copie de secours.

La respiration de Joyce couvre la vitre de buée. Le monde extérieur s’estompe lentement, la réalité semble de plus en plus relative. Elle essuie la fenêtre avec sa manche. » Ainsi, la planète avance, sans elle, sans qu’elle puisse en retrouver le contrôle.

4- Une histoire à construire

Pour conclure, je dirais que le postmodernisme est le reflet d’une société en grande quête identitaire, en manque de repère, inquiète de l’avenir de cette planète de plus en plus bombardée par les technologies, les tirs de roquettes et les gaz à effet de serre. Impossible toutefois de prendre un véritable recul face à ce mouvement puisque n’importe qui en ce moment a les pieds en plein dedans. Ce texte propose donc des pistes concernant l’écriture contemporaine, mais il n’existe pas de frontières infranchissables dans le postmodernisme. Il demeure à chacun de repousser les barrières du genre, de les traverser et d’ainsi en redéfinir les limites.


18/12/2014
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LES TECHNOSCIENCES FACES A L'HOMME

Cfr. www.vatican.va, ce mercredi 24 Novembre 2014 à 14 heures 26'

              Les technosciences en discussion aux Semaines sociales de France Rencontre entre un humain et un robot humanoïde lors d'une conférence sur les robots à Madrid - AFP 21/11/2014 04:14 SHARE:

              (RV) Entretien - Aujourd’hui, les nouvelles technologies imprègnent notre quotidien et simplifient nos vies… mais, hommes ou robots, on peut être effrayé ou fasciné de deviner lesquels seront les plus nombreux dans les prochains siècles. En allant au-delà des idées reçues, la session des Semaines sociales de France propose cette année de débattre sur le thème : « L’homme et les technosciences : le défi ». Le rassemblement de l’association s’est ouvert ce 21 novembre à l’Université catholique de Lille. Jusqu’à dimanche, 70 intervenants sont attendus pour confronter leurs points de vue. Jérôme Vignon est président des Semaines sociales de France depuis 2007. Il nous précise la nature du défi posé par les technosciences. Un défi est posé à la liberté humaine. Soit, elle s’abandonne à la toute puissance de la science, considérant que l’interconnexion des réseaux, l’intelligence artificielle et la robotique vont finalement pouvoir mieux décider que l’homme lui-même qui est incertain, qui n’est pas fiable, dont les politiques sont corrompues. Et donc, c’est l’hypothèse de la démission. Soit il choisi, au contraire, de les maîtriser, les réguler, les encadrer à la fois par les individus et par leurs organisations, y compris politiques et donc, de renoncer à toutes les possibilités qu’offrent en principe la science qui est un véritable défi. Dans le contexte de préférence pour soi par rapport à la collectivité, au nom de quoi vouloir mépriser les applications des technosciences sinon au nom de la conscience que nous avons d’un bien commun ? Le défi, c’est que cette conscience ne soit pas suffisamment forte. Il y a un pessimisme aussi : comment maintenir notre confiance dans les capacités humaines à être le sujet des technosciences et non pas leur objet ? Donc, c’est finalement un regard assez méfiant et réticent porté sur les nouvelles technologies ? Non, c’est un regard qui constate d’abord qu’elles sont là en tant que produit de l’intelligence humaine. Les robots intelligents ont d’abord été conçus par des ingénieurs, par des hommes. Donc, notre attitude de défi aux semaines sociales, c’est d’abord une attitude de curiosité, de découverte, d’écoute, d’attention et de bienveillance puisqu’il s’agit de création par l’homme. En même temps, cette attitude est mêlée de vigilance. A quoi ça va servir ? Au service de qui ? Les grandes entreprises, est-ce qu’elles vont être elles-mêmes contraintes par des régulations à suivre le bien-commun ou est-ce que leur puissance sera telle qu’elles vont avoir une emprise sur les individus ? Non, notre regard n’est pas pessimiste. Il est d’abord curieux, comme celui-ci du Concile Vatican II. Il y a beaucoup d’espoirs qui sont liés à ces technosciences. À quelles conditions ? Du point de vue de la maîtrise par l’homme, de la centralité au sens de l’encyclique Populorum Progressio, comment est-ce que l’homme peut continuer d’être au centre de ce nouveau développement, à certains égards, vertigineux, que nous propose et parfois tente de nous imposer les technosciences ? Vous nous avez parlé du Concile Vatican II, de l’encyclique Populorum Progressio. Est-ce que le chrétien a finalement un rôle particulier dans ce monde où les technosciences ont toujours plus de place ? Un de nos maîtres dans cette direction, c’est Pierre Teilhard de Chardin qui avait déjà pressenti que le monde scientifique faisait des pas de géant mais que ces pas manquaient d’un souffle spirituel. C’est aussi un peu notre attitude. Les progrès des technosciences implorent la présence de l’amour humain, la possibilité que toute cette capacité puisse être mise au service de l’homme. Une forme de transhumanisme dit que l’homme est dépassé. Vous savez ce que disent les nouveaux prophètes, les technoprophètes quand on leur dit qu’est-ce que vous allez faire de tous ces hommes augmentés ? Que vont devenir ceux qui ne sont pas augmentés ? Ils répondent : les dinosaures, eux aussi...


24/11/2014
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