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LES CRITIQUES A LA MONDIALISATION

Les critiques adressées à la mondialisation dans ses relations ave l’environnement se résument, lorsqu’on les synthétise, à deux assertions principales :

°- Premièrement, la mondialisation «aurait pour effet de donner un avantage compétitif aux pays les moins rigoureux en matière d’environnement, ce qui aurait pour effet de conduire, soit à des délocalisations d’entreprises industrielles, soit à un recul des normes environnementales dans les pays développés».

°- Deuxièmement, «l’ouverture économique, en stimulant la croissance, conduirait à une aggravation insoutenable des émissions de polluants et des pressions sur le milieu naturel».

Mais la mondialisation exerce à la fois des effets positifs et négatifs sur l’environnement, et c’est son effet net qu’il convient d’essayer de dégager. Certains suggèrent même que l’application de normes environnementales dans les pays développés transformerait les pays en développement en lieux d’accueil des activités polluantes. Les pays en développement deviendraient ainsi, selon ce modèle, des «havres de pollution». Les politiques environnementales nationales perdraient de leur portée, du fait des délocalisations d’activité. L’effet du libre échange sur la pollution serait géographiquement différencié : les émissions polluantes se réduiraient au Nord, mais augmenteraient au Sud. L’effet global serait cependant négatif pour l’environnement, du fait de l’abandon des technologies propres, et de l’augmentation de la demande pour les produits à bas coûts fabriqués dans les pays du Sud.

Du point de vue des Etats, et des mesures qu’ils sont susceptibles de mettre en œuvre pour attirer des investissements étrangers, «le recul des normes environnementales n’est certainement pas l’instrument le plus pratique et le plus efficace à mobiliser. Des mesures classiques de subventions ou d’allégements d’impôts sont de nature à envoyer un signal beaucoup plus lisible aux investisseurs étrangers, tout en suscitant moins de réticences chez les consommateurs résidant dans les pays développés».

Au niveau étatique, l’ouverture internationale peut également avoir pour effet d’inciter les gouvernements à relever leurs normes environnementales pour avoir accès aux marchés des pays développés. C’est le cas du Japon par exemple, qui s’est aligné sur les standards environnementaux développés aux Etats-Unis pour l’industrie automobile dans les années 1970, pour préserver son accès à ce marché.

Par ailleurs, les consommateurs sont de plus en plus «sensibles aux conditions de fabrication des produits qu’ils achètent, que ce soit sur le plan social ou environnemental. Ils exercent ainsi une pression informelle sur les entreprises, qui peut dissuader celles-ci de tirer parti des différences de normes environnementales. Les médias et les ONG jouent bien sûr un rôle essentiel pour faire parvenir l’information aux citoyens». Mais une chose est sûre, estime l’auteur : c’est que la mobilité des entreprises s’est certes accrue sous l’effet de la mondialisation, mais les écarts de normes environnementales ne semblent pas jouer un rôle décisif dans les choix de localisation des sites de production. «Ce constat n’implique cependant pas qu’il en aille forcément toujours de même : au-delà d’un certain seuil, les surcoût occasionnés par les normes environnementales pourraient devenir suffisants pour motiver des délocalisations massives».

En même temps, «l’expérience des pays développés a montré que l’enrichissement des populations s’est accompagné de la demande d’un environnement plus sain, ce qui a conduit à un renforcement des normes et à une amélioration de la qualité de l’environnement dans certains domaines (cas de la pollution de l’air dans les villes, notamment)». Ce constat a conduit à formuler l’hypothèse suivante : «la croissance serait nocive pour l’environnement dans les premiers stades du développement, puis, au-delà d’un certain seuil de revenu par habitant, la croissance entraînerait une amélioration de la qualité de l’environnement. La relation entre croissance et dégradation de l’environnement aurait dès lors la forme d’un U inversé : dans un premier temps, l’augmentation de la production dégraderait l’environnement, puis, au-delà d’un point d’inflexion, la croissance réduirait les dégradations environnementales».

Par ailleurs, l’existence d’institutions démocratiques offre, selon l’auteur, la garantie que les gouvernants suivront les préférences exprimées par les citoyens. Dans les régimes autoritaires, «les gouvernements, n’étant pas comptables de leurs actes, risquent en revanche de ne pas conduire les politiques environnementales nécessaires. De graves dégradations écologiques se sont ainsi produites dans les pays de l’ancien bloc de l’Est».

Néanmoins le bilan de la mondialisation en matière d’environnement dépend, beaucoup «de la mise en œuvre de bonnes politiques environnementales, au niveau national, pour les dégradations localisées, et au niveau multilatéral, pour les problèmes environnementaux globaux. Le manque d’action concertée donne prise aux craintes de délocalisations industrielles, et décourage les initiatives nationales. C’est pourquoi l’amélioration de la gouvernance mondiale environnementale est un enjeu central pour le siècle qui s’ouvre».



29/10/2014
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